Nous sommes des animaux mais on n’est pas des bêtes – Jean-Marie Meyer Entretiens avec Patrice de Plunkett

Publié le 31 Juil, 2007

Catastrophe ! On veut donner aux animaux des «  droits », comme les droits de l’homme ! Pourquoi ? En s’attaquant à cette question, les auteurs, un philosophe et un journaliste, s’interrogent en profondeur sur ce qui sépare l’homme de l’animal. Ce qu’ils découvrent bouscule nos idées et sonne l’alarme pour l’avenir de notre espèce. Un livre décapant !

 

De La Fontaine au New Age

 

La Fontaine aimait les bêtes, mais il considérait que l’être perfectible et admirable, c’était l’humain. Dans l’idéologie du New Age, l’admirable est l’animal. La vérité n’est pas dans l’homme mais dans la nature. Les humains d’aujourd’hui ne sont plus censés partager des idées mais des émotions et le seul domaine où l’on parle d’intelligence, c’est précisément les études qui cherchent à la repérer chez l’animal…

 

Votre chien vous parle, mais vous ne le comprenez pas ?

 

Dialogue de sourds ?

Ce n’est pas vous qui êtes sourd, c’est l’animal qui est muet ! Ne confondons pas communication et langage.  L’homme veut faire connaître à l’autre, non seulement ce qu’il a « senti », mais ce qu’il a « compris ». Se borner à réagir à une impression par un cri, ce n’est pas du langage, c’est du réflexe et c’est proche de l’animal. Celui-ci communique par un signal, qui  déclenche une action. Le mot utilisé par l’humain est un signe, habité par un sens et orienté vers la transmission d’une connaissance.

 

L’intelligence humaine agit en se libérant de l’affectivité et en mettant les choses à distance. Ainsi, le mot « pain » pourra continuer à intéresser l’homme après qu’il se sera nourri. Autrement dit, il y a deux principes différents de représentation et de communication : le concept et l’image. Le concept ouvre l’intelligence à « l’être de la chose », c’est le propre de l’homme ; l’image vient du monde sensible, qui déclenche une représentation et pousse à l’action, c’est le psychisme de l’animal. En somme, la parole humaine exprime la réflexion, alors que le comportement animal est un ensemble de réactions d’adaptation entre un organisme et son milieu.

 

L’animal et la bête

 

L’animal, c’est l’être animé, doté d’une âme. Parmi ceux-ci, Aristote distinguait les « animaux » doués de la parole et tous les autres, les « bêtes ».

 

Les instincts animaux ne sont pas l’équivalent de la raison humaine :

– la raison est une unité de conduite, fondée sur des processus logiques et une libre capacité de réflexion. L’homme est un animal doué de sensibilité, capable de réflexion, de discours et de concept,

– la bête est sous l’emprise de ses tendances et de ses réponses à l’environnement. Elle est douée de sensibilité, mais privée de raison.

 

Seul l’homme est capable de comportements qualifiés à tort de « bestiaux » ; la grandeur de l’homme se dessine en creux dans l’abîme du mal. L’homme peut utiliser dans la méchanceté toute son intelligence. L’animal ne peut être cruel car il n’est pas humain. Préméditer un acte, jouir de la souffrance de l’autre, toutes les cruautés dont l’homme est capable n’a pas d’équivalent chez la bête.

 

La bête et l’homme

 

Ce qui pose un problème aujourd’hui, ce n’est pas la bête, c’est l’homme. Il perd de vue sa propre originalité. Nous avons de plus en plus de mal à assumer le paradoxe humain : être des animaux de ce monde mais également autre chose que de la matière.

 

Les droits de l’animal ?

 

Donner des droits juridiquement et politiquement reconnus aux bêtes, c’est contester la notion même de Droit, qui est propre à l’homme. C’est abattre l’anthropocentrisme qui place l’homme au centre de la Création. Ainsi, les droits de l’animal tueraient les Droits de l’Homme.

 

Hyper-écologie / biotechnologie

 

Les défenseurs des droits de l’animal sont des ultra-écologistes pourfendeurs de l’industrie biotechnologique mais ils partagent le même non-dit : ils oublient le visage et le mystère de l’homme. La dignité humaine n’est plus au centre. On ne parle plus de l’homme, on parle du « vivant » qui n’est qu’un matériau. L’hyper-technologie s’arroge le droit de manipuler l’humain ; l’hyper-écologie résorbe l’humain dans le « Grand Tout » de la Nature. Ces deux courants font la même impasse sur l’originalité de l’espèce humaine ; la dignité humaine n’est plus au centre. Ils oublient ainsi l’essentiel qui est de distinguer entre la protection d’une espèce et le respect d’une personne  et cela souligne, s’il en était encore besoin, l’urgence de la vigilance philosophique. 

 

 

Nous sommes des animaux mais on n’est pas des bêtes- Libres propos d’un philosophe sur les animaux et les hommes – Ed. Presses de la Renaissance – Avril 2007 

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