Alors que le docteur Estelle Destrée, chef de service de l’unité de soins palliatifs (USP) de Houdan, a prévu de partir mi-mars, l’avenir de cette unité de renom, de ce « bijou d’humanité » comme la qualifie le docteur Claude Grange, reste incertain (cf. Soins palliatifs : fermeture d’un service faute de médecin). Ce départ apparaît comme l’ultime étape « d’un délitement d’un service en grande souffrance depuis des années » constate Estelle Destrée (cf. Ne dévoyons pas les soins palliatifs). « Aucun praticien ne s’est manifesté pour reprendre mon poste. S’il n’y a pas de médecin recruté ni de psychologue ni d’infirmiers pour reconstruire l’équipe, il y aura une fermeture » alerte-t-elle (cf. « L’enjeu n’est même plus de développer les soins palliatifs. Il s’agit d’éviter leur écroulement »).
Un avenir incertain
Un avenir incertain qui coïncide avec l’application du Plan national de développement des soins palliatifs et accompagnement de la fin de vie 2021-2024 et avec le projet de loi sur la prise en charge des personnes en fin de vie (cf. Plan décennal pour les soins palliatifs : encore des promesses ? ; Plan décennal sur les soins palliatifs : un nouveau cadre ?). Or, « on ne peut pas développer tout un discours sur les soins palliatifs et fermer une unité qui faisait l’unanimité » s’indigne le docteur Claude Grange même si dans d’autres régions des moyens sont mis en place. L’hôpital de Pont-de-Beauvoisin va accueillir la première unité de soins palliatifs du Nord-Isère et, à Lyon, deux hôpitaux de jour ont été ouverts permettant d’accueillir 1700 patients par an. Mais « il n’existe pas d’USP en Eure-et-Loir et les Yvelines n’en comptent que deux autres, dans le privé, à Versailles et La Verrière », note un infirmier de l’unité de Houdan.
« On était déjà en survie »
Après avoir créé cette unité de soins palliatifs en 1999, le docteur Claude Grange l’a dirigée jusqu’en 2022. Il « est parti plusieurs fois en retraite mais est revenu à trois reprises compte tenu des besoins du service » explique le docteur Estelle Destrée. « Les départs du personnel (praticiens, infirmiers, etc.) n’ont jamais été remplacés. Je suis venue en renfort à l’été 2022 pour me retrouver seul médecin en poste après le départ d’un collègue. On était déjà en survie » poursuit-elle (cf. Fin de vie : Les soins palliatifs, « parent pauvre de la médecine »). Alors qu’à sa création, l’USP comptait 10 lits dédiés à l’accueil de patients en fin de vie et accueillait jusqu’à 250 patients par an, depuis l’été dernier, il n’y a plus que cinq lits.
Claude Grange explique « avoir fait le maximum pour proposer des médecins et alerter très tôt les autorités de tutelle ». « On a même exploré la piste d’un médecin étranger, en dehors de l’Union européenne » indique-t-il.
Sources : Hospimedia, Jérôme Robillard (16/02/2024) ; Le Dauphiné, Pauline Seigneur (18/02/2024) ; L’écho républicain, Olivier Bohin (19/02/2024) – Photo : iStock