“On ne saurait aborder les questions bioéthiques en se contentant de céder devant un prétendu sens de l’histoire”

Publié le 13 Avr, 2018

Au Canada, la récente annonce de député fédéral canadien du parti de la majorité, Anthony Housefather, sur la « décriminalisation de la rémunération des mères porteuses » prépare à une évolution du droit sans scandale. Tout au plus lui reproche-t-on d’avoir « affirmé sans complexe que le fait d’être mère porteuse était une avenue économique pour une autre femme, pour peu qu’elle y consente librement ». En France, réveillés par la Manif pour tous, « les états généraux suscitent un véritable intérêt populaire » et sur la question de la PMA et de la GPA, c’est le souci de la filiation qui domine.

 

Dans un contexte où une « conquête » en matière sociétale « en appelle toujours une autre », « tout laisse croire que les tabous qui contiennent l’eugénisme finiront demain par céder ». L’hubris de la science et son fantasme, qui consiste à « fabriquer la vie, parce qu’on en aurait décrypter le code », s’accompagne, avec de la marchandisation possible de la GPA, d’« une contractualisation intégrale de l’existence ». Et « selon l’esprit du temps, le droit a pour seule vocation de faciliter les interactions individuelles. Nous assistons à la réduction du lien social à sa stricte dimension procédurale. La désacralisation du corps dégage un nouvel espace pour la marchandisation de la vie, qu’on justifiera avec des raisons humanitaires, en la présentant comme une opportunité nouvelle pour les couples infertiles, quels qu’ils soient, qui pourront ainsi accéder au droit à l’enfant ».

 

« On ne saurait aborder les questions bioéthiques en se contentant de céder devant un prétendu sens de l’histoire nous obligeant à concrétiser juridiquement ce que la science rend possible ». Et l’auteur de poursuivre : « Qui est cet homme à qui on ne cesse d’octroyer des droits? L’homme de notre temps est ivre de sa puissance et rêve d’une maîtrise absolue sur l’existence, qui paradoxalement, à terme, pourrait le déshumaniser ». Pour faire face, « c’est probablement à partir d’une anthropologie de la finitude qu’il nous faudrait aborder ces questions, sans maudire la science, les progrès qu’elle rend possibles et les espaces de liberté qu’elle dégage, mais en se tenant loin du fantasme effrayant d’une humanité devenant à elle-même son propre cobaye ».

 

Le Figaro, Mathieu Bock-Côté (13/04/2018)

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