Pas plus de chance d’avoir un bébé en triant les embryons

Publié le 26 Nov, 2019

Le diagnostic pré-implantatoire pour la recherche d’aneuploïdies[1] (DPI-A) est « promu par les cliniques de fertilité » comme « un moyen d’augmenter les chances de succès » de la fécondation in vitro, en particulier pour les femmes âgées de plus de 35 ans. « Mais les preuves montrent que dans la plupart des cas, le DPI-A n’augmente pas les chances d’avoir un bébé ».

 

Pour les embryons humains, « la plupart des aneuploïdies sont mortelles », résultant en fausse couche. Le risque augmente avec l’âge de la mère : « à partir de 40 ans, environ 80% des embryons sont aneuploïdes ». Le DPI-A consiste à prélever quelques cellules du futur placenta chez un embryon de 5 ou 6 jours pour les tester[2]. En parallèle, « les embryons sont congelés en attente des résultats ». Si certains embryons sont « normaux », l’un d’entre eux est décongelé et transféré dans l’utérus de la mère. « Le DPI-A ne corrige pas les anomalies chromosomiques », il permet de trier les embyons pour ne pas transférer ceux « qui en sont porteurs ».

 

Le « bénéfice » du DPI-A n’a pas été « démontré clairement ». « Les deux derniers essais n’ont pas montré de bénéfice quant à l’amélioration du taux de naissances vivantes ». En réalité, le DPI-A « peut réduire les chances d’avoir un bébé ». Et ce, de deux manières différentes. Tout d’abord, « il n’est pas fiable à 100% » : « certains embryons en capacité de devenir un bébé en bonne santé seront écartés ». La raison principale de ces « faux positifs » est que les embryons « mosaïques », c’est-à-dire les embryons dont certaines cellules sont aneuploïdes et d’autres non, se rencontrent « assez fréquemment » aux premiers stades de développement. Ce qui ne les empêche pas de se développer pour devenir un bébé en bonne santé. Si ce sont des cellules aneuploïdes qui sont testées, ils seront classés à tort comme embryon à écarter. « Dans une étude récente, 32 femmes parmi 98 ayant des embryons mosaïques ont choisi d’en transférer au moins un. Parmi elles, un tiers a donné naissance à un bébé en bonne santé. » Le 2e risque, bien que « faible », est que les embryons soient endommagés par la biopsie ou ne survivent pas à la congélation-décongélation.

 

Les coûts du DPI-A s’élèvent à « 700 A$[3] par embryon testé ».

 

Note de la rédaction :

Le DPI-A, bien que ne figurant pas dans le projet de loi de bioéthique proposé par le gouvernement, est soutenu par différents chercheurs comme un moyen d’améliorer la technique de fécondation in vitro (cf. Le Pr René Frydman auditionné sur la PMA : l’enjeu majeur est la recherche sur l’embryon, Jean-Marc Ayoubi auditionné au Sénat : « « Il ne faut pas utiliser la blouse blanche pour faire passer des idées qui n’ont rien à voir avec la médecine »).

 

Pour aller plus loin :

Extension du diagnostic préimplantatoire : pour Agnès Buzyn, « la décision éthique la plus difficile du projet de loi »

Victoire contre l’eugénisme à l’Assemblée nationale : Pas de destruction des “embryons trisomiques” en l’éprouvette

Extension du diagnostic pré-implantatoire : une dérive dangereuse vers l’eugénisme alerte Jean-Marie le Méné

DPN, DPi, Diagnostic préconceptionnel et loi de bioéthique : quels enjeux ?

 


[1] Une aneuploïdie est une anomalie du nombre de chromosomes.

[2] A ce stade de développement, les cellules du futur bébé sont distinctes de celles qui se développeront pour former le placenta.

[3] Environ 430 €.

 

The Conversation, Karin Hammarberg et David Amor (25/11/2019)

 

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