Pays-Bas : 14 psychiatres demandent l’ouverture d’une « enquête criminelle » après l’euthanasie d’une jeune fille de 17 ans

4 Oct, 2024

Aux Pays-Bas, 14 « éminents psychiatres » ont demandé au ministère public d’agir dans l’affaire de l’euthanasie d’une jeune fille de 17 ans, l’enjoignant d’ouvrir « une enquête criminelle sur les parents et les médecins » pour examiner « dans quelle mesure les proches de cette patiente vulnérable (…) ont influencé la décision de cette jeune patiente de choisir l’euthanasie ». Un comportement qualifié d’« indécent et inacceptable » par la Royal Dutch Medical Association (KNMG). Les parents de la jeune fille ont quant à eux exigé « des excuses personnelles de la part de tous les psychiatres impliqués et une rectification officielle ».

L’affaire concerne Milou, une jeune femme ayant souffert de dépression, d’anxiété et de pensées suicidaires depuis l’âge de 11 ans à la suite d’abus sexuels. Elle a une nouvelle fois été abusée sexuellement dans une institution par un autre patient. Après des années de traitement et plusieurs tentatives de suicide, elle a demandé à recourir à l’euthanasie à l’âge de 17 ans en raison de « souffrances mentales insupportables ».

Une « promotion généralisée de l’euthanasie »

Les 14 psychiatres remettent en question « le droit d’un mineur à opter pour l’euthanasie ». Peut-on supposer que la souffrance mentale ne peut pas être guérie ? interrogent-ils (cf. Pays-Bas : consulté pour une demande d’euthanasie, un médecin guérit un malade psychiatrique ; Espagne : une euthanasie pour dépression refusée en raison des possibilités d’amélioration ). Les médecins dénoncent une « promotion généralisée de l’euthanasie » qui pourrait entraîner « la mort inutile » de jeunes patients.

En Belgique, alors que 3% des décès en 2023 font suite à une euthanasie, les procédures pour « souffrances psychiatriques » sont en augmentation [1]. « On constate non seulement une augmentation du nombre de demandes mais parmi ces demandes, de plus en plus de jeunes », précise le docteur Cédric Djocgoue, chef de service psychiatrie d’EpiCURA à Mons.

« Il y a une réalité sociale avec une pression sociale majeure, analyse le médecin. Il ne faut pas oublier non plus le côté médiatisation, surtout auprès des populations plus jeunes, qui joue un rôle très important. » (cf. Effet Werther : « En légalisant le suicide assisté et l’euthanasie, on banalise le suicide »)

La loi belge autorise les mineurs à recourir à l’euthanasie depuis 2014, mais ils ne peuvent pas invoquer uniquement les souffrances psychiatriques (cf. Belgique : une victime des attentats euthanasiée à 23 ans).

 

[1] Elles représentent en 2023 1,4% des euthanasies.

Sources : Dutch news (01/10/2024) ; RTBF, Maïté Warland (30/09/2024)

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