Des chercheurs néerlandais du centre médical Erasmus de Rotterdam ont créé un "supervirus grippal, aussi pathogène que celui de la grippe aviaire H5N1 – mortel à 60% des cas – et aussi contagieux qu’un virus saisonnier"; le risque de bioterrorisme lié à ce type de recherche et sa publication prévue dans "Science" fait polémique.
Le chercheur néerlandais Ron Fouchier et son équipe ont montré que la mutation du virus H5N1 en une pandémie très contagieuse d’homme à homme, par voie aérienne, se faisait "plus facilement qu’on ne le pensait". Selon eux, cette découverte représente "un pas important dans la lutte contre les pandémies" : "Nous savons aujourd’hui quelles mutations surveiller, ce qui permettra de stopper une épidémie" et de "développer à temps des vaccins et des médicaments". Ils affirment par ailleurs que "la sécurité a été très contrôlée par des experts internationaux".
Mais l’agence américaine pour la biosécurité (National Science Advisory Board for Biosecurity – NSABB) a retardé la publication de la découverte et pourrait diffuser prochainement des recommandations pour les recherches dont les résultats peuvent être utilisés à des fins de bioterrorisme. En effet, selon Paul Keim, du NSABB, on ne connaît pas d’ "autre pathogène aussi effrayant que celui-là". De plus, Michaël Osterholm, directeur du Center for Infectious Diseases and Policy (Minnesota) et membre du NSABB explique : "nous ne voulons pas donner à des personnes mal intentionnées un mode d’emploi pour transformer quelque chose de mauvais en autre chose de très mauvais".
Même si ce virus mutant est actuellement enfermé dans un laboratoire spécialisé de haute sécurité et si la publication de quelques éléments ne suffirait pas "pour imiter et réussir ce travail", l’affaire crée la controverse dans le milieu scientifique : "quelles solutions pour concilier science et sécurité publique ?"
Le Quotidien du médecin (Lydia Archimède) 08/12/11 – Le Monde (Sandrine Cabut) 08/12/11 – La Croix (Denis Sergent) 08/12/11 – Médiapart (Doreen Brow) 01/12/11
