Alors que depuis 2007, le “Protocole de Groningen” autorise les médecins à euthanasier des nouveau-nés porteurs d’un handicap aux Pays Bas, le comité national de suivi de cette pratique est surpris de constater qu’un seul cas ait été rapporté jusqu’à aujourd’hui. Il prévoyait pourtant entre 15 et 20 cas d’euthanasies périnatales par an. Ce décalage signifierait-il que les médecins néerlandais préfèrent taire les cas d’euthanasie de bébés ? Le dernier numéro du Journal of Medical Ethics s’interroge sur cet écart surprenant et fournit plusieurs explications. Il précise qu’un manque de données aurait pu conduire à surestimer les prévisions d’euthanasies de nouveau-nés et suppose qu’avant l’instauration du Protocole de Groningen, certains avortements étaient peut-être rapportés comme des euthanasies. Ce très petit nombre de cas s’expliquerait peut-être aussi par un plus large recours à la sédation terminale : “dans ce cas, le décès du bébé n’est en effet pas répertorié comme une euthanasie“. Ces explications ont leur intérêt mais ne semblent pas suffisantes pour rendre compte de l’unique cas rapporté. Des médecins ont manifestement “passé sous silence certains cas, estiment les auteurs de l’article paru dans le Journal of Medical Ethics. Pourquoi ?”
Le journal avance plusieurs raisons. Le comité de suivi “auprès duquel les médecins doivent rapporter les décès pose problème : il ne jouit d’aucune autorité légale et ne peut donc préserver le médecin d’éventuelles poursuites judiciaires“. De plus, l’euthanasie pratiquée sur un enfant qui souffre est plutôt qualifiée par les médecins “de ‘soins terminaux adéquats‘, expression qui passe mieux auprès des parents“. Les dispositions de la législation néerlandaise seraient donc impossible à respecter estiment les auteurs de l’article du Journal of Medical Ethics pour qui le gouvernement néerlandais devrait rendre le Protocole de Groningen encore plus permissif s’il veut voir les médecins respecter l’obligation de rapporter les cas d’euthanasie de nouveau-nés.
Source : Institut européen de bioéthique (01/04/2010)