Une étude américaine parue dans le Journal of Health Economics [1] indique que les résidences pour personnes âgées qui « ont appliqué avec le plus de rigueur les mesures sanitaires contre la COVID-19 » ont été « plus efficaces » pour limiter les contaminations dans leurs établissements au début de la pandémie. Cependant, le taux de mortalité pour d’autres causes que le COVID-19 s’y est révélé par la suite plus élevé qu’ailleurs.
Les chercheurs ont analysé les données de « plus de 15 000 centres d’hébergement américains ». Les établissements notés « 5 étoiles » [2] ont enregistré « 15 % moins de décès liés à la COVID-19 que les centres de moins bonne qualité » entre les mois de janvier et de septembre 2020. Mais à la fin du mois d’avril 2021, les établissements haut de gamme affichaient « en moyenne 8,4 % plus de décès (toutes causes confondues) que les établissements 1 étoile, et 15 % plus de décès non liés à la COVID-19 ». Des données qui indiquent que « le manque de contact des résidents avec leurs proches n’a pas seulement créé un sentiment de solitude, d’isolement et de désespoir, mais a aussi possiblement accéléré certains décès », selon les auteurs de l’étude (cf. « A ce rythme-là, on va finir par tuer nos personnes âgées »).
« Les établissements de bonne qualité ont si bien performé pour prévenir la COVID-19 en isolant les patients, en diminuant les activités de loisirs, les visites, en ne permettant pas aux résidents de manger ensemble, que le taux de mortalité total est plus grand dans les 5 étoiles que dans les 1 étoile », analyse Philippe Voyer, chercheur au Centre d’excellence sur le vieillissement du Québec et professeur à la faculté des sciences infirmières de l’Université Laval. « Parce que les gens sont décédés des effets secondaires de l’isolement. » Le chercheur estime que cette nouvelle étude devrait amener les gouvernements à « se remettre en question sur nos façons de faire ».
[1] Christopher J. Cronin, William N. Evans, Nursing home quality, COVID-19 deaths, and excess mortality, Journal of Health Economics, Volume 82, 2022, 102592, ISSN 0167-6296, https://doi.org/10.1016/j.jhealeco.2022.102592.
[2] Note établie notamment à partir du ratio personnel-résident et du nombre de chutes recensées
Source : La Presse, Ariane Lacoursière (08/02/2022)