Les Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont été en première ligne de l’épidémie de coronavirus. En France, les décès parmi des pensionnaires, qui « se comptent désormais par centaines », ont suscité des réactions de colère ou de tristesse. Des « dizaines de familles ont déjà saisi la justice pour ‘homicide involontaire’, non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui ». A chaque fois, de graves négligences sont pointées du doigt, parfois, des mensonges qui se voulaient rassurants. Rien qu’à Paris, 32 plaintes ont été déposées contre diverses structures comme des établissements de soin, des administrations, et aussi certains Ehpad de la capitale.
En Espagne, où des personnes âgées ont été retrouvées mortes ou mourantes « dans leurs lits » (cf. Covid-19 : des personnes âgées abandonnées dans des maisons de retraite en Espagne), elles seraient près de 12 000 à être décédées dans ces centres depuis le début de la pandémie. Le Parquet général a « ouvert 86 enquêtes préliminaires visant des résidences de tout le royaume ». Des bras de fer sont engagés avec différents groupes qui prennent en charge les personnes âgées dans leurs centres. Ils font l’objet de plaintes pour « ‘mauvaise prise en charge’ des pensionnaires, manque de matériel de protection et de suivi des protocoles ». L’association Défenseur du patient a engagé une procédure judiciaire pour « attention inadéquate » et « manque de personnel ». Début avril, « la région de Madrid a pris le contrôle de treize centres privés se trouvant dans ‘une situation critique’ ». Conformément à « un décret approuvé durant l’état d’alerte », elle a « nommé des fonctionnaires pour les gérer ».
La pandémie montre surtout les limites d’un modèle qui n’est pas sans alternatives : habitats de vie partagés ou « co-housing », assistance à domicile ou hospitalisation à domicile sous réserve de former des aides-soignants. Ces solutions sont, de surcroit, créatrices d’emploi. Par ailleurs, des réseaux créatifs de solidarités sont à encourager. Ils reposent sur « l’implication des voisins, commerçants, gardiens, volontaires » qui viendrait en « complément des réponses traditionnelles » dans le but de « protéger les personnes âgées de risques représentés par les vagues de chaleur, épidémies de grippe, chutes, perte du conjoint »… Pour Valérie Régnier, la responsable de Sant’Egidio France, association engagée dans la lutte contre la pauvreté et le travail pour la paix, ces « solutions peuvent être généralisées sans créer des systèmes trop lourds. On voit aujourd’hui qu’à l’échelle d’un quartier, d’une cage d’escalier, des réseaux d’entraide se mettent en place, et créent du lien. Ça fait du bien à tous ! »
Le Monde, Sandrine Morel (24/04/2020) – La Vie, Véronique Durand (23/04/2020) – Le Figaro, Angélique Négroni (23/04/2020)