Mardi, le Président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, a promulgué la loi dépénalisant l’euthanasie et le suicide assisté. L’Eglise appelle à rejeter cette loi.
Le Président obligé de promulguer la loi
« La Constitution oblige le Président à promulguer une loi à laquelle il a mis son veto et qui a été confirmée par l’Assemblée de la République. Je la promulguerai, bien sûr, c’est mon devoir constitutionnel » avait indiqué M. Rebelo de Sousa vendredi 12 mai alors que le Parlement avait voté le texte pour la deuxième fois sans le modifier (cf. Portugal : le Parlement sur le point d’approuver l’euthanasie).
Le texte de loi avait au préalable été revu à plusieurs reprises afin de tenir compte des deux vétos du Président (cf. Euthanasie au Portugal : le nouveau veto du Président ), et après avoir été jugé inconstitutionnel à deux reprises par la Cour constitutionnelle qui avait pointé certaines « imprécisions » (cf. Portugal : la loi sur l’euthanasie jugée inconstitutionnelle).
La version définitive de la loi prévoit que l’euthanasie ne sera autorisée que lorsque « le suicide médicalement assisté est impossible en raison d’une incapacité physique du patient ».
La loi pourrait entrer en vigueur à l’automne prochain, après publication des décrets d’application.
« Un net recul de civilisation »
Dans un communiqué du 17 mai, la conférence épiscopale portugaise (CEP) a appelé les familles et les professionnels de santé à rejeter « catégoriquement les possibilités ouvertes par la légalisation de l’euthanasie » et à ne pas y avoir recours.
La dépénalisation de l’euthanasie présente « la mort comme une solution à la douleur et aux souffrances », elle entraîne « un net recul de civilisation » déplorent les évêques.
« La légalisation de l’euthanasie rompt le principe fondamental de l’inviolabilité de la vie humaine et ouvre des portes dangereuses », « la vie humaine n’est plus protégée et subit une grave atteinte à sa valeur et à sa dignité » (cf. La dignité est « inconditionnelle ») considèrent -ils.
Les évêques portugais affirment en outre partager la « tristesse » du pape François qui a regretté l’adoption d’ « une loi pour tuer » (cf. Fin de vie : « accompagner la vie jusqu’à sa fin naturelle » plaide le pape) après le vote des députés.
La CEP réclame que la volonté des « médecins objecteurs de conscience » soit « toujours respectée » (cf. Objection de conscience : « Le médecin n’est pas une machine »). Elle espère également que « la loi puisse être abrogée ».
L’Association des juristes catholiques estime, quant à elle, que l’euthanasie rompt « le principe de l’interdiction de tuer » figurant dans la Constitution. Plusieurs députés de l’opposition ont fait connaître leur intention de saisir à nouveau la Cour constitutionnelle.
Complément du 27/11/2023 : Le Gouvernement portugais actuel ne publiera pas de règlement sur la loi relative à l’euthanasie. Il a en effet décidé d’inclure la question dans le « dossier de transition » de l’exécutif issu des élections du 10 mars 2024, a annoncé le ministre de la santé, Manuel Pizarro. « Le processus de réglementation de la loi est en cours d’élaboration, a assuré le ministre, et fera partie intégrante du dossier de transition ».
Sources : AFP (16/05/2023 et 17/05/2023), Vatican news, Myriam Sandouno (18/05/2023) ; Portugal resident, Natasha Donn (24/11/2023)