Pour ou contre la création d’embryons pour la recherche ?

Publié le 18 Avr, 2007

Le journal La Croix consacre un dossier spécial sur les cellules souches. Il rappelle que la première greffe de cellules souches hématopoïétiques (précurseurs des globules blancs) issues de la moelle osseuse a eu lieu en France en 1977. Les découvertes successives en matière de cellules souches adultes démontrent l’intérêt de ces cellules dans le domaine de la "médecine régénératrice". Il rappelle qu’à ce jour, il n’y a aucun essai clinique humain dans le monde portant sur des cellules souches embryonnaires humaines.

Le dossier consacre une page à la question :  "La création d’embryons pour la recherche est-elle inéluctable ?" avec les interventions de Marc Peschanski, Axel Kahn et le père Patrick Verspieren.

Marc Peschanski, biologiste et directeur de l’Institut des cellules souches (I-Stem, Inserm-AFM) à Evry, estime que "plusieurs modifications devront être apportées" à la loi de bioéthique. "Par exemple, il ne devrait plus être nécessaire de fixer un objectif thérapeutique immédiat : les besoins en connaissance des cellules souches embryonnaires sont tels que nous en sommes encore à la recherche, la finalité thérapeutique étant encore lointaine."

Il ajoute que "la loi devra permettre la constitution d’embryons pour la recherche, ainsi que le transfert nucléaire, malheureusement nommé "clonage thérapeutique"".

Il précise : "je pense désormais qu’il n’y a pas d’urgence à avancer la révision de 2009 à 2007" parce que "la dérogation de 2006 permet de faire du transfert nucléaire comme les Anglais" et que "concernant le transfert d’un noyau humain dans un ovocyte animal, ce qu’on appelle un "cybride" [NDLR : clonage pour obtenir une chimère mi-homme mi-animal], il s’agit d’une alternative intéressante".

Enfin, il estime qu’"aujourd’hui nous pouvons expliquer à quoi sert ce que nous faisons sans être obligés de justifier un peu hypocritement nos travaux en promettant une rapide application thérapeutique".

Axel Kahn, biologiste à l’Inserm, directeur de l’Institut Cochin et ancien membre du Comité national d’éthique explique que l’actuelle loi de bioéthique devrait être modifiée pour autoriser "la recherche sur les embryons surnuméraires créés dans le cadre de la procréation médicalement assistée, sous réserve, de l’accord des géniteurs". "L’élargissement de la loi devrait aussi s’étendre à ce qu’on appelle abusivement le clonage thérapeutique" ajoute-t-il. Il estime par conséquent qu’il n’est pas nécessaire "d’autoriser la création d’embryons à des fins de recherche".

Il reconnaît qu’en Angleterre où la création d’embryons pour la recherche est autorisée depuis 1990, les résultats obtenus n’ont pas été "particulièrement concluants". Il rappelle que "personne n’a, à ce jour , réussi à obtenir des cellules spécialisées issues des cellules souches humaines embryonnaires" et précise pour ces cellules : "je ne vois pas de perspective à court ou moyen terme".

S‘il dénonce les risques de trafic d’ovocytes dans le cadre du clonage, il préconise une autre technique : "la fusion d’une cellule humaine et d’un ovocyte provenant d’un animal" [NDLR : clonage pour obtenir une chimère mi-homme mi-animal]. Il regrette que "cet assemblage hétérospécifique qui a malheureusement un fort pouvoir fantasmagorique soit refusé par l’Eglise catholique".

Quant au père Patrick Verspieren, responsable du département d’éthique biomédicale au Centre Sèvres des jésuites de Paris, il rappelle l’importance des cellules souches adultes qui, elles, ne posent aucun problème éthique. Il rappelle que l’Eglise catholique s’oppose aux recherches sur les cellules souches embryonnaires car "cela implique l’utilisation puis le rejet de l’embryon". Il souligne en plus qu’il n’existe actuellement aucune possibilité thérapeutique envisageable avec ces cellules embryonnaires.

L‘Agence de Biomédecine vient de publier la synthèse des rencontres parlementaires sur la bioéthique du 7 février 2007. Pour télécharger la synthèse, cliquez ici.

La Croix (Denis Sergent) 18/04/07

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