Partant du constat qu’en 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans, Agnès Buzyn souhaite renforcer la prévention de la perte d’autonomie liée à l’âge. « La dépendance n’est pas une fatalité », elle n’est pas liée à l’âge mais associée à la maladie (maladies chroniques, troubles cognitifs).
Une récente enquête CARE, de la DREES, réalisée en 2015 et 2016, montre qu’un tiers des personnes âgées résidant en maisons de retraite, EHPAD, EHPA, SLD, sont dans un état psychologique dégradé. En effet, l’entrée en établissement est principalement la conséquence de la dégradation de l’état de santé d’une personne. Ainsi, c’est le plus tôt possible que les personnes doivent acquérir les bons réflexes pour préserver leur santé et, à plus long terme, leur autonomie. Un dossier, publié par le ministère de la santé et des solidarités, présente la stratégie globale qu’Agnès Buzyn veut mettre en place pour prévenir la perte d’autonomie.
Elle souhaite mettre l’accent à trois « moments-clé de la vie ». D’abord, les personnes de 40-45 ans en les sensibilisant aux comportements de vie sains au service de la santé de chacun, via une application. Ensuite, pour les personnes partant à la retraite, moment propice des changements de comportements, un rendez-vous de prévention sera proposé, reposant sur une approche globale de la personne. Il aura pour objectif la préservation de la mobilité, de la nutrition, des fonctions sensorielles, de l’état psycho-social et de la cognition. Enfin, ce sont les personnes de plus de 70 ans qui seront suivies pour détecter de façon précoce des fragilités et agir sur les facteurs qui accélèrent la perte d’autonomie comme les chutes, l’hospitalisation, l’isolement ou encore les déficits sensoriels.
Agnès Buzyn accorde une attention particulière à la lutte contre l’isolement social. Pour elle, « l’isolement des aînés est mortel ». Aussi, de nombreux acteurs tels que les collectivités, les entreprises, les associations seront impliqués. Un point interroge dans l’évocation, certes très rapide, des innovations technologiques et notamment des robots : quelle place leur sera accordée ? Comment un robot pourra-t-il remplacer la présence humaine ?
Les mesures présentées sont bonnes et au fond, ne sont pas si éloignées des objectifs des soins palliatifs, à savoir que les personnes puissent bien vivre jusqu’au bout. Cependant, le terme « société de la longévité », cité à plusieurs reprises dans le rapport, est-il le plus approprié ? N’y a-t-il pas derrière la volonté de repousser l’espérance de vie ? Et par quels moyens ? La mort est un processus naturel auquel il faut un jour se confronter, sans le précipiter.
Bien vieillir, c’est aussi accepter et consentir à la réalité. Tout le monde aimerait vieillir en bonne santé et autonome, mais une personne âgée dépendante n’en perd pas pour autant sa dignité. Saurons-nous être présents à ses côtés ? Lui signifier qu’elle est importante, utile et bienfaisante. C’est bien souvent, au-delà de la prise en charge médicale, la meilleure thérapeutique pour lui conserver jusqu’au bout une autonomie de vie. Dans un monde marqué par l’individualisme, le jeunisme et le souci de soi, il serait bon de penser à réintégrer nos anciens dans le rythme quotidien de nos sphères de vie.