Selon le rapport annuel de la Commission sur les soins de fin de vie, déposé le 9 décembre à l’Assemblée nationale du Québec, 3663 personnes ont été euthanasiées en 2021-2022, contre 1774 entre 2019 et 2020 (cf. Canada : le nombre d’euthanasies ne cesse d’augmenter, Canada : explosion du recours à l’« aide médicale à mourir » en 2021).
Une augmentation de 51%
Cela correspond à 1236 personnes de plus, soit une augmentation de 51% par rapport à l’année précédente (cf. Euthanasie au Québec : 10 fois plus de décès que prévu, mais ce n’est pas encore assez pour le gouvernement).
En parallèle le nombre de médecins a lui aussi augmenté. Ils étaient 1418 à pratiquer cet acte en 2021-2022, soit 26% de plus que l’année précédente. Sur la période étudiée par le rapport, l’euthanasie a été effectuée dans la moitié des cas à l’hôpital, dans 33% des cas à domicile, dans 8% en centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) et dans 5% en maison de soins palliatifs (cf. Canada : un établissement pour personnes en fin de vie refuse de proposer l’aide médicale à mourir. Il perd son financement public).
Le nombre d’euthanasies effectuées entre 2021 et 2022 représente 5,1% des décès survenus au Québec. Le rapport précise que 34% des personnes sont décédées avant la fin de l’évaluation ou avant d’être euthanasiées. 22% des personnes qui ont fait une demande ne remplissaient pas les critères et 18% l’ont finalement retirée.
L’euthanasie banalisée ?
Le rapport note que la pratique entre « de plus en plus dans les mœurs », quand elle avait été au départ introduite comme une « exception ». Cette tendance à la hausse s’explique notamment par « la culture, les valeurs ainsi que le choix d’en avoir fait un “soin médical” » poursuit le rapport tout en alertant sur le risque de dérives (cf. L’euthanasie devient « une option de fin de vie » au Canada).
Quinze cas sont pointés du doigt comme n’ayant pas respecté la loi. En effet, dans six dossiers, la personne « n’était pas atteinte d’une maladie grave et incurable » (cf. Au Québec, « les soins de fin de vie ne peuvent se limiter à l’accès à l’aide médicale à mourir »). Dans trois cas, elle « n’était plus apte à consentir ». Dans un cas l’avis du second médecin n’a pas été obtenu et dans quatre autres dossiers, le formulaire de demande a été contresigné par un soignant, non professionnel de santé ou des services sociaux. Enfin une des personnes avait une carte vitale expirée.
Ce rapport intervient alors qu’un Canadien de 65 ans a obtenu l’approbation d’un médecin pour être euthanasié. La principale raison de sa demande étant la pauvreté. « Je ne veux pas mourir mais je ne veux pas être sans abri » explique-t-il (cf. Canada : un homme bientôt sans domicile demande l’euthanasie, feu vert du médecin).
De plus, au niveau national, le Canada se prépare à étendre l’”aide médicale à mourir” aux personnes atteintes de maladie mentale (cf. Canada : l’élargissement sans limite de l’« aide médicale à mourir »).
Sources : Daily Mail, Lewis Pennock (09/12/2022) ; Radio Canada, Davide Gentille et Daniel Boily (10/12/2022) ; Reuters, Anna Mehler Paperny (11/12/2022) ; La Presse, Louise Leduc (11/12/2022) – Photo : iStock