Au Québec, une ancienne anesthésiologiste de 53 ans, est accusée d’« homicide involontaire » pour avoir euthanasié un patient après son opération, alors qu’il « ne souhaitait pas mourir ainsi » et que sa famille n’avait pas été « clairement prévenue ».
Raymond Bissonnette a été opéré d’urgence dans la nuit du 1er novembre 2019 à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval. Lors de l’intervention, le chirurgien a considéré qu’il était « impossible » de « guérir » le patient en raison d’une nécrose de son intestin grêle. Selon lui, Raymond Bissonnette était en « fin de vie ». Le chirurgien a alors refermé la plaie pour qu’il puisse recevoir des « soins de confort ».
Or, « il semble que les médecins ne se sont pas entendus sur la nature de ces “soins de confort “ ». En effet, Isabelle Desormeau, l’anesthésiste, « a retiré l’assistance respiratoire du patient et lui a injecté des médicaments ». Raymond Bissonnette est mort 20 minutes plus tard environ.
« Quand on parle de décès, on a besoin d’un consensus », a déclaré le Dr Thomas Schricker, directeur du département d’anesthésie de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill, reconnu comme « témoin expert » en matière d’anesthésiologie pour ce procès. « Pendant une chirurgie, le stress peut nous empêcher de prendre des décisions consensuelles et éclairées. Des soins palliatifs prennent du temps. On ne peut pas prendre de telles décisions dans la salle d’opération », a-t-il témoigné. « D’ailleurs, des soins de “confort ” ne visent pas nécessairement à tuer la personne », a-t-il précisé (cf. Claire Fourcade : « Je suis médecin, la mort n’est pas mon métier »).
Selon le spécialiste, « on peut conclure que Dr Desormeau a commis une euthanasie ». Le procès doit se poursuivre au mois de novembre.
Source : La Presse, Louis-Samuel Perron (18/10/2024)