Réflexion sur la gestation pour autrui

Publié le 19 Mai, 2008

Le quotidien La Croix revient sur la question des mères porteuses, sujet sur lequel le Sénat, l’Académie nationale de médecine et le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) doivent remettre prochainement leurs conclusions.

Michèle André, sénatrice socialiste qui préside au Sénat un groupe de travail sur cette question, a accordé une interview à La Croix. Elle précise que "le groupe s’oriente vers l’idée qu’il faut légiférer pour autoriser les mères porteuses et encadrer cette pratique". Ce point de vue n’est pas unanime mais majoritaire au sein du groupe.

Elle précise que contrairement à ce qui se passe en Grande-Bretagne, le groupe "préfère que l’enfant soit issu des gamètes des parents intentionnels". En Angleterre, les parents qui font appel à une mère porteuse financent les frais inhérents à la grossesse soit environ 12 500€. Michèle André explique qu’elle est favorable à cette mesure sur le principe mais que la somme devrait être beaucoup moins élevée en France, le système de santé assurant une bonne prise en charge.

Le groupe de travail doit encore élaborer les conditions dans lesquelles une femme pourra devenir mère porteuse et préciser les indications médicales ouvrant droit à la gestation pour autrui. "Elle ne devra pas être possible pour des raisons de confort ou dans le cas où un couple, même pour de bonnes raisons, aurait laissé passer l’âge de procréer", souligne-t-elle.

Interrogés sur les risques d’une "parenté fragmentée" et sur les liens qui unissent un enfant à sa mère pendant la grossesse, elle affirme que "c’est l’éducation, la transmission et l’amour donné au quotidien qui font la force du lien entre l’enfant et la mère".

Elle ne nie pas qu’il risque d’y avoir des cas où les mères porteuses souhaitent finalement garder leur enfant, mais pour elle, cela "restera l’exception". "Or, si l’on raisonne à partir d’exceptions, on ne fait jamais rien", conclut-elle.

De son côté, Marie-Odile Rethoré, membre de l’Académie nationale de médecine et directrice médicale de l’Institut Jérôme Lejeune redoute les conséquences de la gestation pour autrui (GPA) : "la relation entre l’enfant et ses parents se construit au cours de la grossesse, qui est un moment essentiel pour l’équilibre du bébé […] Lorsqu’un enfant vient au monde, il est déjà vieux de neuf mois !"

Sur la question d’une "parenté fragmentée", la juriste Hélène Gaumont-Prat avait rappelé en novembre dernier qu’une telle mesure lui paraissait affolante puisque "cinq personnes pourraient avoir contribué à la naissance". Elle soulignait aussi les risques "d’une exploitation matérielle et psychologique" de la mère porteuse. Enfin, la philosophe Sylviane Agacinski rejette "absolument l’instrumentalisation de la femme" […], "l’enfant acquérant ipso facto un statut de marchandise".

La Croix (Marine Lamoureux) 19/05/08

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