Regrets d’être mère, les désillusions du projet parental

Publié le 25 Nov, 2019

Orna Donath, docteure en sociologie et enseignante à l’Université Ben Gourion du Neguev en Israël, explique que si la maternité peut être « une source de satisfaction personnelle, de plaisir, d’amour, de fierté, de joie et de contentement », cela peut aussi être, en même temps, « un royaume de stress, d’impuissance, de frustration, d’hostilité et de déception, ainsi qu’une arène d’oppression et de subordination ».

 

Un sondage mené par la société privée YouGov auprès de pères et mères de tous âges, 20% des parents allemands ne feraient pas d’enfants s’ils pouvaient revenir en arrière.

 

En France, les mères sont de plus en plus nombreuses à confier leurs déceptions, leur mal-être et leur isolement face à l’ambivalence de ce qu’elles ressentent, enfermées dans les non-dits.

 

Fabienne Sardas, psychologue en maternité, dénonce « la pression immense qui pèse sur les mères aujourd’hui. Le mythe de la dévotion maternelle fait des ravages. Les mères ne se sentent plus à la hauteur car il y a un monde entre ce que vend la société (elles vont être comblées, remplies de bonheur) et la réalité. On a voulu un enfant, mais pas ce corps qui se transforme et s’abîme, pas ce déséquilibre du couple, pas ce bouleversement de soi-même et toute la vulnérabilité que cela entraîne parfois ».

 

« Le regret d’une vie sans enfant est une constante chez les femmes qui nous contactent, commente Elise Marcende, co-présidente de l’association Maman Blues, le site de la Difficulté maternelle. Ces jeunes mères se sentent dépassées, elles ne pensaient pas que ce serait si dur et si différent de ce qu’elles avaient imaginé. La plupart, grâce à un soutien, finissent par établir le lien mère-enfant, mais pour certaines, le regret s’installe dans la durée, elles ne parviennent pas à faire le deuil de leur vie d’avant et se sentent prisonnières de leur statut de mère. La souffrance est d’autant plus grande qu’elles n’ont, bien souvent, personne à qui se confier, elles ont trop peur d’être rejetées, de passer pour des monstres… »

 

Pour Martine Teillac, psychanalyste, le mythe de la maternité heureuse est devenu aussi écrasant que le mythe du Prince charmant. « Le lien mère-enfant est tellement investi, fantasmé, sacralisé… À l’inverse de nos grands-mères qui s’adaptaient, le plus souvent, à une nouvelle grossesse, nous pouvons presque “programmer” l’arrivée d’un bébé. Et la pilule et l’avortement ont cet effet pervers de nous apporter, aussi, des attentes immenses ! L’enfant est devenu le signe ultime de réussite, on en attend tout, ou presque. Et puisqu’on a décidé de le mettre au monde, il va falloir, aussi, tout lui sacrifier… Face à des liens aussi intenses, comment ne pas nager en pleine ambivalence ? »

 

Marie-Claire, Alix Leduc (20.11.2019)

 

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