Stérilisation : une pratique encore d’actualité en Europe

Publié le 30 Nov, 2023

Alors que trente-sept pays européens et l’Union européenne ont ratifié la Convention d’Istanbul selon laquelle la stérilisation non consentie constitue, dans tous les cas, une violation des droits de l’homme, une enquête du New York Times a révélé que plus d’un tiers de ces pays ont posé des exceptions. La plupart du temps elles concernent les personnes jugées « trop handicapées » par le Gouvernement. D’autres pays ont également interdit la pratique sans la criminaliser. Selon les médecins et les experts la stérilisation demeure une pratique rare, mais l’incohérence des registres et l’absence de fiabilité des données empêchent de connaître les vrais chiffres (cf. Hongrie : contraception forcée des personnes handicapées ?).

Des personnes souffrant de déficiences intellectuelles sont stérilisées même sans motif médical. « Très souvent, on entend dire que c’est dans le meilleur intérêt de la femme », déclare Catalina Devandas Aguilar, ancien rapporteur spécial des Nations unies pour les droits des personnes handicapées. « Mais souvent, c’est parce que c’est plus pratique pour la famille ou l’institution qui s’occupe d’eux » poursuit-elle.

Le Gouvernement islandais, par exemple, ne tient pas de comptabilité. Or, la stérilisation est encore pratiquée dans ce pays. Agée de 28 ans, Anita a subi une hystérectomie sans qu’elle ait donné son consentement. Une mesure prise pour supprimer « l’inconfort des règles ». L’histoire s’est répétée en mars 2023 pour la fille d’Hermina Hreidarsdottir, qui, à l’âge de 20 ans a subi une hystérectomie car « ses règles duraient parfois six semaines ». « Nous ne l’avons pas fait pour la rendre stérile », « nous voulions qu’elle se sente mieux » a expliqué la mère de le jeune fille atteinte d’un handicap cognitif. De son côté, Kristin Smith, porteuse de trisomie 21, a, elle aussi, subi une hystérectomie sur les conseils de sa mère. Aujourd’hui elle vit en couple et aurait souhaité être mère.

Alors qu’en 1938, l’Islande avait mené une politique de stérilisation et d’avortement pour les personnes « faibles d’esprit », la stérilisation non consentie a été interdite en 2019, sauf en cas de « nécessité médicale ». Toutefois, la loi ne couvre que la ligature des trompes sans inclure les hystérectomies (cf. CEDH : L’avortement et la contraception forcés sont des traitements inhumains).

 

Source : The New York Times, Sarah Hurtes (25/11/2023) – Photo : iStock

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