Jeudi, à Genève, le tribunal de police a estimé que Pierre Beck, médecin et vice-président d’Exit Suisse romande[1], « n’avait pas le droit de prescrire une substance létale à une octogénaire en bonne santé qui avait fait le pacte de mourir avec son mari ». Il a été reconnu coupable « d’avoir violé la loi fédérale sur les médicaments et les dispositifs médicaux » et condamné à 120 jours avec sursis et 2400 francs d’amendes « à titre de sanction immédiate ». Le juge a considéré que le médecin « en parfaite conscience, n’avait pas respecté les limites qui s’imposaient à lui ».
Un couple d’architecte avait exprimé depuis longtemps « sa détermination à mourir ensemble ». En avril 2017, au moment de la mort du mari, l’épouse de 86 ans était encore en bonne santé et « elle pouvait vivre encore plusieurs années, voire décennies ». A cette date, la loi exigeait encore que la fin de vie de la personne soit proche. Le juge a estimé que la souffrance morale et existentielle évoquée par le médecin était davantage « une angoisse profonde, l’anticipation d’un veuvage qui n’avait pas commencé et des douleurs qui lui seraient liées », un cas de figure qui se situe en dehors des « critères admissibles ».
Pierre Beck, qui a offert « une aide inconditionnelle dès le début », était « conscient d’outrepasser les limites », mais il a choisi de « suivre ses convictions » et a déclaré lors du procès « qu’il n’excluait pas de refaire la même chose ».
A la sortie du tribunal, l’avocat a expliqué que le médecin ferait « très probablement » appel de la décision.
Le temps, Fati Mansou (17/10/2019)