Le 18 avril 2017, le Dr Pierre Beck a administré une substance létale à une femme de 86 ans en parfaite santé. Le 17 octobre 2019, il a été condamné par le Tribunal de Police de Genève. Aujourd’hui il fait appel, considérant qu’il avait raison d’aider cette femme à se suicider (cf. Suicide assisté pour tous ? Un nouveau procès s’ouvre en Suisse et Suisse : le médecin d’Exit condamné pour avoir repoussé les limites du suicide assisté).
Le Dr Pierre Beck invoque la « grande souffrance » qu’elle aurait eu à survivre à son mari, ainsi que le fait qu’ « à 86 ans, sa vie était accomplie ». « Elle m’a dit de manière claire et irrévocable qu’elle se suiciderait » : n’étant ni malade, ni en fin de vie, elle n’entrait pas dans les critères d’Exit, mais pour le Dr Beck, « le suicide non assisté est à éviter à tout prix ». Il estime donc avoir choisi « le moindre mal » et avoir « agi au plus près de [sa] conscience professionnelle ». Ultime argument du médecin, il explique qu’ « Exit a aidé une centaine de personnes souffrantes mais pas en fin de vie » et qu’ « aucun médecin n’a été inquiété ».
Pour le procureur, Frédéric Scheidegger, les conditions sont parfaitement claires en Suisse pour maintenir la condamnation : la loi fédérale sur les médicaments est précise et renvoie à des règles reconnues par le corps médical. Le Dr Pierre Beck ne les a pas respectées. Le procureur a conclu à la confirmation du jugement attaqué. Selon lui, la souffrance morale de la défunte n’avait aucun caractère objectif et cette femme aurait pu vivre encore. « Il y a un présupposé qu’à partir d’un certain âge, on en a assez vu, a-t-il critiqué. Elle n’a pas été entendue seule par M. Beck. Or le fait que son mari était dans la pièce pouvait l’empêcher de revenir sur la promesse de mourir avec lui ».
Le verdict de l’appel sera rendu ultérieurement.
Arc Info, ATS (12/03/2020)
20 minutes, David Ramseyer (12/03/2020)