Transplant Québec veut proposer le don d’organes aux patients demandant l’euthanasie

Publié le 28 Mar, 2018

« Si cela répond à leurs valeurs, ce serait discriminatoire de ne pas offrir cette possibilité de don à ceux qui ont choisi l’aide à mourir », explique le Dr Matthew Weiss, directeur médical du don d’organes chez Transplant Québec[1].

 

Depuis 2015, les patients euthanasiés donneurs d’organes sont très rares au Québec. Transplant Québec considère cependant que c’est une expérience « positive » et souhaite « faire volte-face et (…) adopter une politique plus favorable au don d’organes consécutif à cet ultime soin de fin de vie » et « revoir sa position officielle sur cette délicate question d’ici l’été ».

 

Le comité d’éthique de Transplant Québec avait pourtant publié en 2016 un avis estimant qu’évoquer le don d’organes auprès d’un patient réclamant l’AMM (Aide Médicale à Mourir) était « susceptible d’entacher l’image de ce geste altruiste ». L’avis met en garde : « Certains pourraient croire que des médecins suggèrent l’AMM à leurs patients pour obtenir des organes ». Selon cet avis, les dons « éthiquement acceptables » seraient uniquement ceux dont le patient est à l’origine de la demande.

 

C’est précisément ce point que le Dr Weiss souhaite changer. Il espère qu’en autorisant les médecins traitants à proposer le don d’organes, Transplant Québec pourrait augmenter de 10 à 15 % le nombre d’organes disponibles pour les patients en attente de transplantation. « L’aide à mourir sauvera des vies »…

 

Le Québec, fait partie des rares pays du monde où ce type de don a déjà eu cours. Le premier cas a été recensé en Belgique en 2005 (et une vingtaine depuis[2]), 24 cas aux Pays-Bas ont été signalés entre 2012 et 2016, ainsi qu’une douzaine de prélèvements au Canada.

 

Les conditions sont strictes : subir certains tests médicaux supplémentaires avant de mourir et accepter de décéder à l’hôpital. De plus, le prélèvement devant avoir lieu le plus vite possible après le décès, les proches ne disposent que de peu de temps avec le défunt. « Pour l’aide à mourir, ce sont les médicaments utilisés qui provoquent la mort, donc nous avons peu de temps pour prélever les organes. Le patient doit être à proximité du bloc opératoire et sa famille informée à l’avance des procédures », explique le directeur médical de Transplant Québec.

 

Pour aller plus loin : De l’euthanasie pour le don d’organes : Qui arrêtera la machine qui s’est emballée ?

 

[1] Plus de dons d’organes au Québec

[2] Euthanasie et don d’organes : la Belgique pousse la logique toujours plus loin et

Le Devoir, Isabelle Paré (29/03/2018)

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