Un modèle 3D d’un embryon humain en cours de gastrulation

Publié le 2 Mai, 2024

Un nouvel ensemble de données, combinant des informations sur la position des cellules et l’expression des gènes d’un embryon humain à un stade « précoce », vient d’être publié par une équipe dirigée par le professeur Leqian Yu de l’Institut des cellules souches et de la médecine régénérative de Pékin [1]. Ces travaux ont été publiés dans la revue Cell [2].

Utiliser des embryons pour perfectionner les « embryons de synthèse » ?

« Il est difficile de comprendre le développement post-implantatoire de l’homme. Récemment, plusieurs modèles d’embryons humains dérivés de cellules souches ont tenté de fournir une ressource alternative pour étudier le développement humain précoce. Cependant, la construction et l’évaluation de ces modèles d’embryons sont très difficiles en raison du manque de références d’embryons naturels », justifient les auteurs (cf. « Embryons de synthèse » humains : les annonces se multiplient).

Jusqu’à présent, il n’existait qu’un seul autre ensemble de données complet caractérisant un embryon humain en cours de gastrulation [3], dans lequel les scientifiques ont analysé l’expression génétique de 1 195 cellules provenant d’un embryon âgé de 16 à 19 jours (cf. L’embryon : de l’avortement au matériau de laboratoire). Cette nouvelle recherche apporte en particulier des informations sur la position des cellules.

Des données issues d’un seul embryon

En effet, au lieu de séparer l’embryon en cellules individuelles avant le séquençage, les chercheurs ont découpé l’embryon en « 62 tranches » et ont séquencé 38 562 points. En reliant les informations génétiques à l’emplacement des cellules, les chercheurs ont reconstruit un modèle 3D de l’embryon humain en cours de gastrulation.

Pour le professeur Robin Lovell-Badge de l’Institut Francis Crick de Londres, et président du conseil d’administration du Progress Educational Trust, « la principale mise en garde » est que ces données proviennent d’un seul embryon. Il est en outre difficile de connaître le « stade précis » de l’embryon obtenu. « Il est clairement nécessaire d’obtenir une série d’embryons en cours de gastrulation et de les utiliser pour développer un nouveau système détaillé des stades de développement basé sur l’activité des gènes et la morphologie », estime-t-il.

L’aveuglement des chercheurs ?

Pour mener ces travaux, les chercheurs ont utilisé un embryon issu d’un avortement volontaire à l’hôpital de Zhengzhou university. Le « comité d’éthique » a validé la procédure : la femme a donné son « consentement éclairé » et avait décidé d’avorter avant d’accepter de « donner les tissus ». Elle n’a pas perçu de rémunération. Des éléments qui semblent avoir suffi au comité.

Ainsi des chercheurs utilisent des embryons avortés pour améliorer leur compréhension de l’embryogenèse, et mettre au point des « embryons de synthèse » fidèles. Des embryons qu’on pourra produire à partir de cellules souches embryonnaires, autrement dit à partir d’autres embryons, issus quant à eux de fécondations in vitro. Détruire des embryons « sans projet parental » pour en fabriquer d’autres relégués au rang de « modèles » et de la sorte créer des embryons pour la recherche (cf. Embryoïdes : l’ABM propose une « troisième voie » pour « encadrer » les recherches). Des comités d’éthique se lèveront-ils pour protéger les embryons des microscopes ? (cf. Des chercheurs observent la gastrulation d’un « embryon de synthèse » humain)

 

[1] BioNews, Rare opportunity to study post-implantation human embryo, Dr Elena Corujo-Simón (29/04/2024)

[2] 3D reconstruction of a gastrulating human embryo

[3] La gastrulation est le stade du développement où apparaissent les trois feuillets dont seront issues toutes les cellules de l’organisme. Les scientifiques estiment que ce processus se produit une semaine après l’implantation de l’embryon dans la paroi de l’utérus et deux semaines après la fécondation.

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