Un robot humanoïde obtient la nationalité saoudienne

Publié le 26 Oct, 2017

L’Arabie Saoudite a accordé le 25 octobre la nationalité saoudienne à un robot humanoïde, Sophia, construit par la société Hanson Robotics. Il s’agit d’une première, annoncée lors de la conférence Future Investment Initiative à Riyad : « Je suis vraiment honorée et fière de cette distinction unique ; je veux vivre et travailler avec les humains, (…) je ferai de mon mieux pour rendre le monde meilleur », a déclaré le robot « capable de reproduire plusieurs dizaines d’expressions faciales très réalistes ». L’androïde « a des caméras à la place des yeux avec un algorithme censé reconnaitre les visages humains et établir un contact visuel », il est « capable de discerner le langage humain, de répondre aux questions et de mémoriser ses interactions et les visages qu’il voit ».

 

En Europe, le rapport Delvaux adopté en février dernier encourage pour sa part « l’instauration d’une personnalité juridique pour les robots autonomes », en tant que solution face à l’imprévisibilité des robots autonomes et la non-responsabilité de leurs constructeurs face à celle-ci. Le robot est considéré comme « acteur de ses actions » et non plus comme un outil. Pour Nathalie Nevejans, maître de conférences en droit privé et expert en droit et éthique de la robotique à l’université de Douai, « cette disposition est inadéquate » : « La personnalité juridique a déjà été donnée à des ‘choses’ sans conscience ou sentiments telles que les entreprises », mais « ce sont des êtres humains qui les gouvernent ». Tandis que « lorsqu’on parle des actions d’un robot autonome, qui pourrait devenir ‘imprévisible’, il n’y a là aucune réalité humaine ». La confusion entre l’homme et l’apparence humanoïde du robot autonome ne justifie pas une telle mesure. Nathalie Nevejans, qui est intervenue à ce sujet au Parlement européen fin septembre, considère que la directive européenne « Machine » suffit à répondre aux problématiques des robots autonomes : « Si un robot devient imprévisible, cela est à imputer à une rupture totale avec sa programmation initiale, et ce serait donc une faute de programmation et de conception », elle-même imputable au fabricant qui « ne devrait pas mettre sur le marché une machine dangereuse ». Le danger ultime du rapport Delvaux est de nous amener à considérer l’homme comme une machine. Accorder une personnalité juridique au robot ne serait-ce pas « préparer la société au fantasme de l’inerte prenant la place du vivant ? ».

 

Pour aller plus loin :

Institut européen de bioéthique (25/10/2017); Sputnik (26/10/2017); Mediapart (27/10/2017)

Photo : Freeimages

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