Une mère porteuse tenue d’avorter un bébé trisomique

Publié le 12 Oct, 2010

Un couple canadien a demandé à la mère enceinte de leur enfant d’avorter lorsqu’ils ont appris que celui-ci était probablement atteint de trisomie 21. La mère porteuse était toutefois déterminée à mener la grossesse à terme. Cela a provoqué des questions épineuses au sujet du contrat qu’ils ont passé. Aucun des trois n’avaient envisagé ce scénario avant la grossesse.

Devant ce cas, le Pr. Juliet Guichon, spécialisé en bioéthique à l’université de Calgary, interroge : "des règles commerciales devraient-elles s’appliquer à la conception d’enfants ? […] C’est comme mettre un terme à la chaîne de production [en constatant] : ‘oh, oh, il y a un défaut’. Cela a un sens dans un scénario de production mais c’est beaucoup plus problématique dans le domaine de la reproduction".

Jusqu’à présent, il apparaît qu’aucun contrat de gestation pour autrui n’a encore été contesté devant une cour canadienne, les transactions s’effectuant dans une sorte de no man’s land légal. Dans trois cas toutefois, les mères porteuses ont gardé l’enfant et l’élèvent après que les couples canadiens demandeurs ont divorcé et fait marche arrière dans leur projet d’enfant.
Selon Juliet Guichon, il est probable que la justice ne voudrait pas traiter de tels contrats mais préfèrerait plutôt établir une loi sur la famille qui exigerait que les parents biologiques soutiennent leur enfant.

Dans certaines juridictions américaines, des parents peuvent poursuivre en justice la mère porteuse pour récupérer leur argent si celle-ci insiste pour poursuivre sa grossesse contre leur gré.

Larry Kahn, avocat spécialisé dans la reproduction assistée, explique qu’habituellement, dans ces affaires, les parents sont déliés de leur responsabilité quand un handicap est décelé ou si la mère porteuse refuse d’avorter. Il doute que l’Etat s’engage pour réguler ces conflits. Le Dr Ken Seethram, qui a présenté cette affaire lors d’une conférence de la Société canadienne de fertilité et d’andrologie, pense quant à lui que le gouvernement fédéral finira par mettre en place des règles.

Le Pr. Françoise Baylis, bioéthicienne à Dalhousie University,  montre combien la vie humaine peut devenir une matière première dans de ces échanges : "l’enfant est vu comme un produit par les parents demandeurs, et dans ce cas particulier, comme un produit inférieur, à cause de sa maladie génétique".

National Post (Tom Blackwell) 06/10/10

Partager cet article

[supsystic-social-sharing id='1']

Synthèses de presse

Transhumanisme : Synchron intègre l’intelligence artificielle dans son interface cerveau-ordinateur
/ Transhumanisme

Transhumanisme : Synchron intègre l’intelligence artificielle dans son interface cerveau-ordinateur

Un Américain handicapé a commencé à utiliser une fonction d’intelligence artificielle pour l’aider à communiquer à une vitesse « conversationnelle » ...
Le dossier médical partagé devant le Conseil constitutionnel
/ E-santé

Le dossier médical partagé devant le Conseil constitutionnel

Après sa saisine par l'ordre des médecins, le Conseil d'Etat a soumis une QPC sur les modalités d'accès au dossier ...
Suicide assisté : les juges italiens doivent statuer « au cas par cas »
/ Fin de vie

Suicide assisté : les juges italiens doivent statuer « au cas par cas »

Selon la Cour constitutionnelle italienne, en l’absence de législation sur le suicide assisté, les juges devront se prononcer « au ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres