Dans une tribune publiée par le journal La Croix, Olivier Marleix, président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, propose la fraternité comme « modèle français » pour répondre aux questions de la fin de vie.
Malgré les promesses d’un plan décennal pour les soins palliatifs, « le vrai projet politique du président Macron, c’est la légalisation de l’aide active à mourir » alerte Olivier Marleix (cf. Fin de vie : un processus construit pour aboutir à légaliser l’euthanasie ?).
Pour les élus, l’urgence est pourtant de répondre aux inégalités d’accès aux soins palliatifs (cf. Plan décennal pour les soins palliatifs : encore des promesses ?), pour tenir la promesse d’une mort sans souffrance et dans la dignité, considère-t-il.
La loi Claeys-Leonetti apporte une solution contre l’acharnement thérapeutique ajoute-t-il, « encore faudrait-il qu’elle soit mieux connue » (cf. Clap de fin pour la mission parlementaire d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti).
L’amour, la seule alternative
Chacun de nous a une expérience personnelle de la mort. Chacun s’est fait une idée de la mort qu’il souhaite. Au-delà de ces expériences personnelles, il y a des rencontres qui bouleversent, témoigne Olivier Marleix. Pour lui, il s’agit de celle de Noah, d’Alexis et de leurs parents.
Noah a développé une maladie neurodégénérative qui l’a peu à peu laissé handicapé moteur, malvoyant, et lui a fait perdre la parole. Son petit frère Alexis a lui aussi développé la même maladie qui l’a plongé dans les mêmes affres.
Face à ces drames, leurs parents n’ont eu « aucun autre choix possible que l’amour qui leur fera accompagner leurs enfants jusqu’au bout. Il n’y a pas d’alternative », retient le président du groupe LR.
N’oublions pas « nos devoirs d’humains »
« Le débat sur la fin de vie tourne trop souvent à la querelle des croyances » note Olivier Marleix.
L’appel des 800 000 soignants (cf. 800.000 soignants s’opposent à l’euthanasie) apporte un éclairage différent selon lui. Ils opposent leur éthique : « Ils sont là pour apporter le soin, pas la mort ». Ils nous rapprochent de l’exemple des parents de Noah et Alexis en nous rappelant « nos devoirs d’humains » relève-t-il également.
« Sommes-nous des étrangers acceptant de se donner la mort pour se rendre service ? Ou sommes-nous liés par le devoir de prendre soin les uns des autres ? » interroge ainsi le chef de file des Républicains à l’Assemblée nationale.
Pour lui, la fraternité, l’un des trois piliers de notre devise républicaine, permet de réconcilier croyants et non croyants (cf. Fin de vie : les évêques appellent à la fraternité et non à la légitimation de l’euthanasie).
Une société vraiment fraternelle
« Et si le “modèle français”, c’était d’abord celui d’une société vraiment fraternelle ? » propose Olivier Marleix.
En 2018 , le Conseil constitutionnel a fait de la fraternité un principe à valeur constitutionnelle rappelle-t-il.
Comme l’a écrit Guy Canivet, la fraternité est un principe « subversif ». Elle contredit ou renverse les valeurs d’un système en place . Face au système de l’individualisme de nos sociétés libérales, « la fraternité nous rappelle qu’une société humaine civilisée nous crée des devoirs les uns envers les autres » constate le président du groupe LR.
« La fraternité, c’est la loi de l’amour », écrivait par ailleurs une circulaire du gouvernement de la IIe République. « Ce serait ici un devoir de solidarité envers ceux qui souffrent », relève Olivier Marleix. « Apporter une aide active à mourir sans avoir d’abord rempli ce devoir serait contraire à ce principe constitutionnel de fraternité » conclut-il.
Source : La Croix, Olivier Marleix (17/04/2023)