Selon une étude parue dans la revue Science Translational Medicine [1], « il est possible et sûr d’administrer aux receveurs d’une greffe de foie provenant d’un donneur vivant une perfusion de cellules immunitaires [2] dérivées de leur donneur ». Administrée une semaine avant la transplantation, elle pourrait permettre aux receveurs de réduire, voire de supprimer, le traitement immunosuppresseur, sans rejeter l’organe transplanté. Or l’utilisation à long terme d’immunosuppresseurs peut causer des « effets secondaires graves », tels que du diabète, de l’insuffisance rénale ou encore des cancers (cf. Greffe d’organe : le quotidien à risque des immunodéprimés).
Cet essai clinique a été mené par la faculté de médecine de l’université de Pittsburgh. Quinze patients ont reçu la perfusion de cellules immunitaires du donneur [3]. L’objectif principal était de déterminer la faisabilité et la sécurité du protocole.
« Les résultats de ces essais sont très encourageants », estime le Dr Angus W. Thomson, auteur principal de l’étude. En effet, un an après la transplantation, les chercheurs ont constaté que les patients ayant reçu la perfusion présentaient des modifications de leurs systèmes immunitaire et inflammatoire. Dans les études animales, ces résultats ont permis aux chercheurs de d’arrêter les immunosuppresseurs avec succès.
Les scientifiques continuent de suivre les participants à l’essai.
Complément du 10/11/2023 : Une étude de phase III présentée au congrès de l’American Society of Nephrology indique que la thérapie cellulaire MD-101 développée par Medeor Therapeutics a permis d’arrêter totalement le traitement immunosuppresseur « à un an après la greffe chez tous les patients et sur deux ans ou plus pour la majorité d’entre eux ». Il s’agit de résultats intermédiaires. Les patients avaient subi une greffe de rein issu d’un donneur vivant. La thérapie met en œuvre des cellules souches hématopoïétiques et de cellules immunitaires dérivées du donneur.
[1] Lillian Tran et al, Donor-derived regulatory dendritic cell infusion modulates effector CD8+ T cell and NK cell responses after liver transplantation, Science Translational Medicine (2023). DOI: 10.1126/scitranslmed.adf4287.
[2] Plusieurs semaines avant l’intervention chirurgicale, les chercheurs ont prélevé du sang sur les donneurs des patients participant à l’essai et en ont séparé les monocytes, un type de globules blancs. Ils ont ensuite induit les monocytes à fabriquer des cellules dendritiques régulatrices (DCregs), un type de cellule immunitaire qui aide le reste du système immunitaire à distinguer les cellules étrangères des autres.
[3] Comparés à 40 personnes ayant également subi une greffe de foie issue d’un donneur vivant dans le groupe témoin
Sources : APM news (11/10/2023) ; Medical Xpress, University of Pittsburgh (11/10/2023) ; APM news (08/11/2023)