Vers un dépistage pré-implantatoire de plus en plus poussé ?

Publié le 27 Oct, 2008

Le Monde revient sur l’information du quotidien The Times du 24 octobre qui expliquait que des chercheurs britanniques avaient mis au point une technique permettant de déterminer de multiples caractéristiques de prédispositions à de nombreuses affections à partir de l’analyse d’une seule cellule embryonnaire (cf. Synthèse de presse du 24/10/08).

Cette perspective vient bouleverser les conditions dans lesquelles la sélection génétique embryonnaire avait jusqu’à présent été développée et autorisée.

Rappelons que la technique du diagnostic pré-implantatoire (DPI) sur laquelle se fonde ce test a été mise au point à la fin des années 1980. Les spécialistes prélèvent une  cellule sur un embryon constitué de huit cellules. Après analyse, ne sont implantés dans l’utérus maternel que les embryons indemnes de l’anomalie génétique recherchée. En France, le DPI a été mis en oeuvre il y a moins de 10 ans. Trois centres spécialisés en procréation médicalement assistée et en biologie de la reproduction sont autorisés à le mettre en œuvre. Cette technique peut aussi être appliquée en vue de la conception d’un bébé-médicament, c’est à dire d’un enfant indemne d’une maladie génétique recherchée et susceptible de soigner son frère ou sa sœur aînée malade.

Depuis quelques temps, on s’interrogeait pour savoir si l’on pouvait élargir cette pratique à la recherche de la prédisposition à certains cancers. Une équipe française s’est déjà engagée dans cette voie, imitant ainsi la Belgique, l’Espagne ou la Grande-Bretagne. Or, la loi française dispose que le DPI ne peut concerner que des maladies "d’une particulière gravité" et "incurables au moment du diagnostic". Un consensus a donc été trouvé, une mission officielle estimant qu’aucune modification de la loi de bioéthique n’était nécessaire pour que cette pratique puisse être mise en œuvre dès lors qu’une série de précautions techniques seraient prises et que le couple concerné serait informé et associé à la décision.

C‘est dans ce cadre qu’intervient l’annonce des chercheurs britanniques. Ils veulent proposer des analyses de prédispositions beaucoup plus larges et assurent pouvoir identifier, dans le cadre du DPI, les caractéristiques génétiques tenues pour être associées à une prédisposition au diabète, à certaines affections cardiovasculaires ou neurodégénératives.

Cette technique se heurte cependant à un obstacle pratique : le nombre d’embryons pouvant être conçus par fécondation in vitro, en moyenne moins d’une dizaine par tentative. "Quand vous commencez à rechercher plus de deux ou trois caractères génétiques, vous n’avez aucune chance d’obtenir l’embryon correspondant", reconnaît le directeur scientifique du Bridge Centre, le centre qui a développé ce nouveau test.

Le Monde (Jean-Yves Nau) 25/10/08 – MedHyg.ch (Jean-Yves Nau) 31/11/08

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