Vers un suicide assisté par IA ?

22 Oct, 2024

Alors qu’une Américaine de 64 ans est décédée dans le Sarco Pod développé par Philip Nitschke (cf. Un premier suicide avec la capsule Sarco), le militant de l’euthanasie envisage de développer son système en y ajoutant une intelligence artificielle (IA).

« L’appareil est conçu pour donner l’impression que la personne qui s’y trouve s’embarque pour un voyage », explique son concepteur. En appuyant sur le bouton de la capsule, son utilisateur déclenche la libération d’azote. « En 30 secondes, [l’air] passe de 21% d’oxygène à moins de 0,4% », précise-t-il.

Selon l’organisation militante The Last Resort, dont le président Florian Willet était présent lors du décès et a été arrêté ensuite, l’Américaine est morte 7 minutes plus tard. Philip Nitschke a tenté de « regarder la scène » via une liaison vidéo, mais « le signal était inégal ».

« Déléguer » l’évaluation du consentement à la machine ?

Désormais, le concepteur propose de « retirer le processus d’évaluation des mains des professionnels de santé », et de « déléguer » cette tâche à des machines. « Je pense qu’une machine pourrait faire mieux », considère-t-il, expliquant que le Sarco Pod est « capable de poser trois questions simples à ses utilisateurs » : « Qui êtes-vous ? Où êtes-vous ? Savez-vous que si vous appuyez sur ce bouton, vous mourrez ? » Si la personne à l’intérieur de la capsule répond aux questions par les « bonnes réponses préprogrammées », le système est déclenché. Lors de sa première mise en œuvre, dans la forêt suisse, le logiciel n’était pas activé, indique Philip Nitschke.

L’impression 3D de la capsule coûte environ 15 000 dollars actuellement, et il espère réduire ce coût, tout en essayant d’y intégrer l’apprentissage automatique[1] « pour rendre l’évaluation du consentement d’une personne plus sophistiquée ». « Nous voulons vraiment développer cette partie du processus pour qu’une personne puisse faire évaluer son aptitude à consentir par le logiciel, plutôt que … de passer une demi-heure avec un psychiatre », indique l’inventeur.

Un autre système en développement

Selon Philip Nitschke, seuls deux critères devraient être considérés : « être sain d’esprit et être adulte ». « Je considère [la technologie] comme un élément important pour démocratiser le processus et le démédicaliser », déclare-t-il, soulignant que le système ne dépend pas du recours à des « médicaments très réglementés ». Ce qui rendrait « le processus plus équitable » selon lui (cf. Suisse : la « capsule » pour suicider soulève de nombreuses questions, y compris juridiques).

Les dossiers des 371 personnes souhaitant recourir au Sarco Pod en Suisse ont été suspendus, en raison de l’enquête criminelle en cours.

L’inventeur ne compte pas s’arrêter là. Le prochain projet de Philip Nitschke est un « interrupteur implantable » destiné aux personnes atteintes de démence. Si la personne est « trop dégradée » pour l’arrêter, l’implant libèrera des substances mortelles dans son sang au bout d’un an. Le dispositif commencerait à émettre un « tic-tac » pour avertir son porteur que le moment où il libérera les substances approche. Le concepteur prévoit de tester le système sur lui-même, quand le prototype sera prêt, avec une solution saline.

 

[1] Machine learning

Source : Wired, Morgan Meaker (15/10/2024) – Photo : Pixabay

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