Des chercheurs de l’Université de Tufts ont mis au point « des cellules musculaires bovines capables de produire leur propre facteur de croissance et de se multiplier quasi indéfiniment ». Ils ont publié leurs travaux dans la revue Cell Reports Sustainability.
Réduire les coûts
La culture de viande artificielle est promue pour « réduire les impacts environnementaux de l’industrie de la viande ». Bien que déjà commercialisée, par exemple aux Etats-Unis ou aux Pays-Bas (cf. Italie : la « viande de synthèse » interdite), la production de viande de synthèse est à l’heure actuelle « extrêmement coûteuse et énergivore » (cf. « Viande cellulaire » : le Sénat encourage les recherches).
Le coût de ces produits est fortement lié aux « milieux de culture, contenant généralement des composants très onéreux tels que le sérum fœtal bovin et les complexes de protéines recombinantes ». Les facteurs de croissance qui sont produits à partir de protéines recombinantes représentent « près de 90 % du coût total de production », ce qui « limite considérablement la rentabilité des produits finaux ».
Des cellules génétiquement modifiées
Les chercheurs de l’Université de Tufts ont développé une technique consistant à modifier génétiquement les cellules satellites bovines (BSC) afin qu’elles produisent leurs propres FGF2 [1], « le principal facteur de croissance utilisé pour les milieux de culture de viande artificielle », et s’autodifférencient en cellules musculaires squelettiques. Ils ont inséré dans les cellules souches « des plasmides [2] contenant de petites molécules d’ADN permettant de modifier leur activité interne et de produire du FGF2 ».
Cette technique devrait permettre aux cellules de se différencier « presque indéfiniment », par rapport à l’ajout exogène de facteurs de croissance. En outre, elle ne fait pas appel à des gènes d’autres espèces, « car elle modifie uniquement l’activité des gènes déjà présents à l’intérieur des cellules », ce qui lui confère un « avantage significatif quant aux procédures d’approbation » (cf. Nouvelles techniques génomiques : une proposition de règlement « sans justifications scientifiques » pour l’Anses). Toutefois, « l’utilisation de plasmides dans les produits alimentaires n’est légalisée que dans certains pays ».
De futures « optimisations »
Cette « stratégie » pourrait être mise en œuvre pour d’autres types de viandes, comme le porc ou le poulet. Les scientifiques travaillent à « quelques optimisations » en vue de l’industrialisation. La vitesse de croissance doit par exemple être augmentée.
Les prochains travaux porteront sur « les techniques permettant de réduire le coût des nutriments pour les milieux de culture » et la façon « d’améliorer l’apport nutritionnel des produits finaux ».
[1] facteur de croissance des fibroblastes recombinés 2
[2] molécule d’ADN distincte de l’ADN chromosomique, capable de réplication autonome et non essentielle à la survie de la cellule
Source : Trust my science, Valisoa Rasolofo & J. Paiano·(29/01/2024)
