Vincent Lambert : Viviane Lambert s’adresse au Président de la République

Publié le 11 Avr, 2018

Choquée de voir son fils « condamné à mort » pour la quatrième fois, la mère de Vincent Lambert lance un cri d’alarme à Emmanuel Macron : « Mon fils n’a pas mérité d’être affamé et déshydraté. Qui oserait, à cet égard, parler de ‘mourir dans la dignité’ ? ».

 

Madame Lambert tient à faire savoir ce que les médecins du CHU de Reims n’ont pas dit : « Vincent n’est pas dans le coma, il n’est pas malade, il n’est pas branché. (…) Il respire sans assistance. Il se réveille le matin, et s’endort le soir. Quand nous, ses parents, sommes avec lui, il a des réactions. Il nous suit du regard, parfois intensément ». Elle va même plus loin : « Les médecins spécialistes (…) affirment qu’il n’est pas en état végétatif ». Il a retrouvé le réflexe de déglutition qu’il avait perdu, et peut se nourrir par la bouche, seulement il aurait besoin d’une rééducation spécifique « selon des protocoles spécialisés, avec une équipe pluridisciplinaire, dans une unité spécialisée ».

 

Malheureusement, au lieu d’être pris en charge par une unité de personnes cérébrolésées, il est depuis plusieurs années en soins palliatifs, sans aucune prise en charge ! Plusieurs établissements qui accueillent des personnes victimes de graves accidents de la route sont prêts à l’accueillir, pour lui fournir les soins adaptés et la kinésithérapie nécessaire à ses progrès, mais seule Rachel Lambert[1], sa tutrice légale depuis 2016 et réclamant son euthanasie, est habilitée à demander le transfert…

 

Vincent Lambert est donc « condamné à mort » par arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. « Un médecin m’a annoncé que dans dix jours [commencera] la lente et longue agonie de mon enfant, qui va mourir de faim et de soif ». Viviane Lambert sait très bien quelle mort attend son fils « handicapé mais (…) vivant » : déjà le 29 avril 2013, c’est en voyant son fils souffrir et pleurer qu’elle a réalisé avec horreur que sa sonde d’alimentation avait été retirée à son insu, et que son fils Vincent n’avait pas été nourri depuis vingt jours, l’hydratation ayant été réduite au minimum. Son fils souffrait de la faim, mais s’accrochait à la vie : « Les vingt-cinq spécialistes que nous avons consultés l’ont affirmé par écrit : le fait qu’il ait survécu 31 jours sans alimentation et avec une hydratation réduite est incompatible avec une prétendue volonté de mourir ».

 

Actuellement, grand handicapé en situation stable, « Vincent n’est pas en fin de vie. Il n’est pas malade. Il ne souffre pas ». Viviane Lambert ajoute : « Vingt-quatre spécialistes ont adressé un courrier à l’hôpital de Reims pour indiquer que Vincent Lambert n’est pas en situation d’obstination déraisonnable »

 

Elle s’alarme aussi sur le sort des 1700 patients qui se trouvent dans un état comparable à celui de son fils. Elle sait bien que Vincent n’est pas un cas isolé. « Est-ce que ces 1700 personnes handicapées en état pauci-relationnel vont aussi être condamnées à mort ? ». Elle s’alarme de l’instrumentalisation de son fils pour en faire un « cas d’école » : « Vincent va être sacrifié pour faire un exemple », s’indigne-t-elle. « S’il faut qu’il meure, ce n’est pas pour sa dignité : c’est par volonté euthanasique ».

 

Faisant écho aux mots du Président lui-même aux Bernardins cette semaine[2], Madame Lambert lui demande d’être reçue en urgence, accompagnée des médecins spécialisés qui connaissent Vincent et qui pourront lui expliquer « son état de santé réel ».

 

 

[1] Rachel Lambert est l’épouse de Vincent Lambert.

[2] Emmanuel Macron au Bernardins a dit : « Je pense, pour ma part, que nous pouvons construire une politique effective, une politique qui échappe au cynisme ordinaire pour graver dans le réel ce qui doit être le premier devoir du politique, je veux dire la dignité de l’homme ».

Le Figaro, Viviane Lamberrt (12/04/2018)

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