Euthanasie, Maastricht III : le Canada à la recherche de cœurs à transplanter

Publié le 9 octobre 2025
Euthanasie, Maastricht III : le Canada à la recherche de cœurs à transplanter
© iStock - Gumpanat

Une équipe du Réseau universitaire de santé de Toronto (UHN) indique avoir effectué « avec succès » la première transplantation cardiaque du Canada à partir d’un donneur déclaré décédé après un arrêt cardio-circulatoire (DCC[1]). L’intervention a été pratiquée au mois de septembre à l’Hôpital général de Toronto.

Il s’agit de patients qui ne remplissent pas les critères de mort cérébrale et pour lesquels une décision d’arrêt des traitements est prise, « en accord avec leur volonté, ou celle de leur famille » (cf. Transplantations cardiaques à partir de donneurs en arrêt cardio-circulatoire : premier bilan australien ; Dons d’organes : les Etats-Unis et l’Espagne se disputent la première place). Une fois que le cœur cesse de battre et que « la mort est confirmée », les organes sont récupérés.

Le patient ayant reçu ce cœur « se remet bien de l’opération » selon l’UHN. D’après le Dr Barry Rubin, directeur du Centre de cardiologie Peter Munk, « ce genre de greffe pourrait faire augmenter de 30 % le nombre de donneurs de cœur » (cf. Don d’organes : une croissance de l’activité liée à la hausse des prélèvements « Maastricht III »).

Une autre transplantation cardiaque, après une euthanasie

Une autre « première » a été effectuée en matière de transplantation cardiaque, également dans l’Ontario. Il s’agit du cœur d’un patient de 38 ans souffrant de la maladie de Charcot qui a été euthanasié.

L’équipe de l’université de Pittsburgh et de l’hôpital d’Ottawa ont décrit la procédure dans un article publié dans the Journal of Heart and Lung Transplantation[2]. C’est un Américain qui a reçu le cœur[3].

Les praticiens affirment que l’« aide médicale à mourir » et la détermination du décès ont été effectuées « conformément aux normes canadiennes ». Ils considèrent que « bien que des données à plus long terme et des données sur d’autres cas soient nécessaires, ce cas suggère qu’une transplantation cardiaque sûre peut être réalisée après une « aide médicale à mourir » ».

Un véritable consentement ?

Des inquiétudes ont été soulevées quant au fait que les personnes vulnérables pourraient se sentir « poussées » à recourir à l’« aide médicale à mourir », même si elles changent d’avis, si elles savent que des personnes attendent leurs organes.

Sur les 894 donneurs décédés en 2024, 7% ont été euthanasiés (cf. Québec : 15% des donneurs d’organes ont été euthanasiés). Ainsi, 5% des 3212 transplantations d’organes réalisées l’année dernière ont eu recours à des organes donnés après une « aide médicale à mourir ».

Les pratiques sont différentes selon les régions. Les organismes de don d’organes de l’Ontario et de la Colombie-Britannique recommandent que les personnes qui demandent l’« aide médicale à mourir » « soient approchées et informées de la possibilité du don d’organes ». Dans d’autres provinces, comme l’Alberta et le Manitoba, on n’évoque pas le don d’organes, à moins que les patients n’abordent eux-mêmes le sujet.

[1] death by circulatory criteria

[2] Il y a deux ans, en Belgique, des chercheurs ont rapporté ce qu’ils affirment être la première transplantation cardiaque après une euthanasie.

[3] Si les organes ne sont pas compatibles ou acceptés par un programme de transplantation en Ontario ou dans un autre programme canadien, ils sont alors proposés aux États-Unis par l’intermédiaire du United Network for Organ Sharing. En 2024, 13 organes ont été « exportés » aux Etats-Unis, 63 ont été « importés »

Sources de la synthèse de presse : Radio Canada, Isaac Adams (08/10/2025) ; UHN Canada’s Hospital, CP (08/10/2025) ; National Post, Sharon Kirkey (26/09/2025)