Bricoler le vivant - Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? - Jean-Baptiste de Panafieu

Publié le 29 octobre 2025
Bricoler le vivant - Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? - Jean-Baptiste de Panafieu
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« Désextinction » (cf. Après le mammouth laineux et le loup préhistorique, Colossal s’attaque au dodo), « adaptation » d’animaux à un nouvel environnement, OGM et nouvelles techniques génomiques (cf. Les NTG, moins inquiétantes que les OGM ?), organoïdes (cf. Organoïdes : voie prometteuse pour la recherche ou précipice éthique ?), édition génétique, clonage, cellules iPS, xénogreffes … Dans un ouvrage très pédagogique, Jean-Baptiste de Panafieu offre un panorama clair et accessible des manipulations génétiques auxquelles se livrent les chercheurs. Pour le meilleur ou pour le pire (cf. Les cellules iPS : pour le meilleur mais aussi pour le pire ?).

Il aborde également les questions éthiques soulevées par ces travaux, d’une façon concise. On regrettera toutefois que, sur certains sujets, l’analyse éthique soit passée sous silence. Bien qu’il évoque les « graves problèmes éthiques » posés par l’emploi de cellules souches embryonnaires humaines, l’assistance médicale à la procréation semble devoir échapper à toute critique. Pourtant Jean-Baptiste de Panafieu le reconnait : « sans ces techniques, il serait impossible d’intervenir sur l’embryon ». Et ce qu’il décrit comme « une simple sphère de moins de 1mm contenant une masse de quelques centaines de cellules » n’est pas un amas de cellules qui ne feraient que naïvement se dupliquer. Or c’est bien par la mise en œuvre de la procréation médicalement assistée que « l’embryon entre nos mains est passé, sournoisement, mais sûrement, de sujet à objet » (cf. Le zygote « n’est pas un projet parental, il est un projet de lui-même »). Les « embryoïdes », eux aussi, échappent à l’analyse éthique (cf. Embryoïdes : l’ABM propose une « troisième voie » pour « encadrer » les recherches), comme le diagnostic préimplantatoire ou encore le dépistage prénatal qui seraient légitimes en cas de « maladie grave ». Jean-Baptiste de Panafieu relève toutefois : « l’eugénisme est toujours présent » (cf. L’eugénisme : une pratique interdite… mais florissante).

En dépit de ces réserves, cet ouvrage didactique et mesuré propose une excellente introduction à des sujets complexes tant du point de vue scientifique que de leurs conséquences éthiques, invitant à les approfondir. Et veut garder espoir que tout ne va pas « mal tourner ». « La recherche est une activité collective, comme doit l’être la réflexion sur ses objectifs et ses applications. C’est aussi l’une des conditions pour que la science suscite plus d’espoirs que d’inquiétudes. »

Editeur : Dunod

Date de publication : septembre 2025

Nombre de pages : 176