Une mère porteuse américaine abusée par des « parents d’intention écran »

Publié le 29 octobre 2025
Une mère porteuse américaine abusée par des « parents d’intention écran »
© iStock - Yta23

Carole-Anne Kelly était enthousiaste quand elle a proposé à une agence américaine d’être mère porteuse. Alors que certains de ses amis souffraient de problèmes d’infertilité, elle « se sentait coupable d’avoir eu trois grossesses faciles » (cf. Quand les mères porteuses « altruistes » expliquent leurs motivations : décryptage).

Carole-Anne n’était pas prête à devenir mère porteuse à n’importe quelles conditions. Elle avait des critères : elle souhaitait aider un couple infertile, en excluant les hommes célibataires et les personnes qui ont déjà condamnées pour des faits de violences (cf. Un couple de Britanniques de 72 ans obtient les droits parentaux d’un enfant né par GPA). Todd et Lisa, un couple présenté par l’agence de GPA, « cochait toutes les cases » : Carole-Anne voulait sincèrement leur permettre d’avoir un deuxième enfant (cf. GPA éthique : un colloque au Sénat donne la parole aux mères porteuses).

Le rôle non négligeable de la rémunération

Elle reconnait que l’aspect financier n’était pas complètement étranger à sa décision. L’agence a su l’appâter : « Remplissez ce questionnaire et nous vous verserons 1000 dollars » ; « Passez un examen sanguin et nous vous verserons de nouveau 1000 dollars » ; et la somme arrivait sans délai sur son compte. Carole-Anne a touché un montant total de 40.000 dollars… à point nommé : « J’avais perdu mon emploi et mon conjoint avait besoin d’argent pour un problème de garde d’enfants nés d’une précédente union ».

C’est ainsi qu’M. est né, au cours de l’été 2019.

De graves problèmes de santé survenus alors qu’elle n’était pas consciente des risques encourus

Carole-Anne a souffert d’importants problèmes de santé pendant sa grossesse. L’agence lui a caché le fait qu’une grossesse par GPA présente des risques accrus de complications graves (cf. PMA, GPA, les grossesses issues d’un don d’ovocytes plus à risque). Elle a dû subir des transfusions sanguines chaque semaine pendant deux mois. Sa pression artérielle a augmenté drastiquement, provoquant une pré-éclampsie. L’accouchement a été particulièrement pénible, Carole-Anne a subi une césarienne d’urgence après 24h de travail, on lui a administré de la morphine et elle a été attachée au lit. Elle était inconsciente quand l’enfant est né.

La tromperie sur l’identité des « parents d’intention », et donc de l’enfant

Quelque temps plus tard, Carole-Anne s’est rendue compte que, contrairement à ce que l’agence lui avait promis, elle n’avait pas aidé Todd et Lisa à surmonter le drame de leur infertilité. Sa grossesse a été détournée à d’autres fins.

Lisa n’était pas infertile : elle était elle-même enceinte. Todd et elle était une vitrine séduisante destinée à tromper Carole-Anne. La jeune femme était en réalité enceinte de l’enfant génétique de Mark, un Britannique qui vit avec son épouse Christy. Le couple avait déjà trois enfants et Christy était enceinte du quatrième. Carole-Anne n’aurait pas accepté d’être la mère porteuse du cinquième enfant d’un couple parfaitement fertile. A sa naissance, M. a été vendu l’équivalent de 86.000 euros au couple britannique.

Une condamnation de la GPA sous toutes ses formes

Carole-Anne souhaite que la GPA soit abolie (cf. « Aucune société ne peut progresser en normalisant la vente du corps des femmes » : à l’ONU, Reem Alsalem appelle à abolir la GPA). Avant d’avoir conscience de la tromperie dont elle faisait l’objet, la jeune femme ressentait un amour pour l’enfant qu’elle ne pouvait pas réprimer : « Tout le monde me disait : cet enfant n’est pas à toi, évite de l’aimer. Je le voyais à chaque fois sur l’écran à l’échographie, comment s’empêcher d’aimer un petit cœur qui bat auprès du sien ? J’ai réussi à cacher longtemps ce que je ressentais. On n’a pas le droit d’en parler quand on fait une GPA ».

NDLR : Carole-Anne Kelly a témoigné lors du colloque organisé par le Sénat le 4 octobre (cf. « GPA éthique » : un colloque au Sénat donne la parole aux mères porteuses).

Source de la synthèse de presse : The Telegraph, Jill Foster (28/10/2025)