Arrêt des traitements en soins critiques chez l'adulte : les recommandations de trois sociétés savantes

Publié le 14 octobre 2025
Arrêt des traitements en soins critiques chez l'adulte : les recommandations de trois sociétés savantes
© iStock - gorodenkoff

Neuf recommandations ont été émises autour des décisions de limitation et d’arrêt des traitements en soins critiques pour les patients adultes.

La question a en effet fait l’objet d’un groupe de travail réunissant les sociétés françaises d’anesthésie et réanimation (SFAR), d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) et de médecine physique et de réadaptation (SOFMER). Le rapport a été validé par le Comité des Référentiels Cliniques de la SFAR le 10 mai 2025 et son Conseil d’administration le 15 juillet 2025.

Trois champs ont été définis : les prérequis et modalités d’une décision de limitation ou d’arrêt des traitements, les modalités de mise en œuvre de cette décision et enfin les relations avec les proches au moment de cette décision. Les recommandations ont été formulées à l’aune de la méthode GRADE (Grading of Recommandations Assessment, Development and Evaluation). Au total, une seule des 9 recommandations est dotée d’un niveau de preuve élevé, deux ont un niveau de preuve faible, et les 6 dernières sont des avis d’experts.

Organiser des réunions pluriprofessionnelles régulières et rechercher la volonté du patient, par tout moyen possible

Sur le champ concernant les prérequis et modalités d’une décision de limitation et/ou arrêt des thérapeutiques, les experts suggèrent dans un premier temps d’organiser des réunions pluriprofessionnelles régulières de réflexions et d’échange autour du projet de soins des patients afin d’améliorer la qualité des soins. Il s’agit de leur première recommandation, en tant qu’experts.

Ils préconisent également de rechercher la volonté du patient hospitalisé en soins critiques au plus tôt et « par tout moyen possible ». La troisième recommandation concerne l’utilisation d’un protocole de service d’aide à la décision et de communication avec les proches. Enfin, il est recommandé d’inclure la participation active des équipes paramédicales aux réunions de procédure collégiale de limitation et/ou arrêt des traitements, toujours dans le but d’améliorer les soins. Cette dernière recommandation n’a reçu qu’un niveau de preuve faible, contrairement aux précédentes, des avis d’experts.

Suivre un protocole pour la sédation profonde et continue

Sur le deuxième champ relatif aux modalités de mise en œuvre de la décision, les experts préconisent de mettre en œuvre un protocole quand il s’agit d’administrer une sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès.

Cette cinquième et seule recommandation pour ce champ relève à nouveau d’un avis d’experts (cf. Sédation profonde et continue jusqu’au décès : La Haute autorité de santé recommande un changement de réglementation).

Accompagner les proches, à chaque décision

Enfin, sur le dernier champ concernant les relations avec les proches, la communication, les désaccords et conflits, les praticiens conseillent, avec un niveau de preuve élevé, de mettre en place une « stratégie d’accompagnement structurée » après chaque décision d’arrêt et/ou de limitation de traitements, incluant les échanges avec l’équipe soignante. De plus, pour prévenir les conflits entre proches et équipes médico-soignantes, les experts proposent une formation en communication pour l’équipe médico-soignante.

L’intervention d’une structure d’éthique clinique est également envisagée en cas de désaccords et de conflits, mais aussi pour les prévenir, cette fois avec un niveau de preuve faible. Les praticiens n’ont en revanche pas pu se prononcer quant à l’intérêt d’avoir recours à une équipe de médiation.