GPA : un marché en forte croissance qui attire les escrocs
La GPA n’est pas un marché comme un autre. De gigantesques sommes d’argent transitent à l’échelle internationale. Pour avoir accès à une GPA aux Etats-Unis, dans les Etats qui l’autorisent, les clients déboursent au minimum 150.000 dollars, et jusqu’à 500.000 dollars.
Le nombre d’embryons qui ont été implantés dans l’utérus d’une mère porteuse est passé de 8.421 en 2021 à 10.850 en 2023. La croissance de ce marché est évaluée par divers organismes à 15% par an au cours des prochaines années. Une croissance soutenue par la hausse de l’infertilité, la banalisation des couples d’hommes et le développement des contrats d’assurance dans ce domaine. De plus, les Etats-Unis accueillent des clients originaires de pays où la pratique est illégale, en particulier la Chine.
Souvent, les acteurs qui permettent à ce marché d’exister sont dans une situation de vulnérabilité ; sur le plan financier, en ce qui concerne les mères porteuses (cf. « Aucune société ne peut progresser en normalisant la vente du corps des femmes » : à l’ONU, Reem Alsalem appelle à abolir la GPA). Quant aux « parents d’intention », ils peuvent souffrir profondément de leur infertilité. Ainsi, parfois, ils voient la GPA comme leur dernier recours pour fonder une famille.
Dans ce contexte, il est inévitable que le marché de la GPA attire à lui des escrocs.
Des sommes colossales détournées
Anna Maria Gallozzi et son conjoint ont recruté une mère porteuse pour leur deuxième enfant. Pour réunir les 100.000 dollars demandés, ils ont eu recours à une campagne de crowdfunding (levée de fonds participative) et hypothéqué leur maison. Par mesure de sécurité, du moins le croyaient-ils, les époux Gallozzi ont fait appel à un organisme financier indépendant pour y déposer une partie des fonds engagés. Ainsi, un montant de 55.000 dollars a fait l’objet d’un dépôt fiduciaire (escrow account) auprès de l’entreprise Surrogacy Escrow Account Management (SEAM). Deux mois plus tard, la somme d’argent s’était volatilisée.
La SEAM gère les fonds de plus de 1.000 clients. Sa dirigeante, Dominique Side, est une « serial entrepreneur » influente. Elle est actuellement visée par une enquête après le possible détournement de 1,2 millions de dollars. Des centaines de familles ont été dépouillées par des acteurs du milieu. Une dirigeante d’agence de GPA a été condamnée à deux ans de prison pour avoir détourné des fonds dans le but d’investir dans un studio de yoga avec des chambres de flottaison. Un intermédiaire a utilisé les fonds de ses clients pour rembourser ses dettes, un autre pour investir dans le bitcoin.
La gravité des conséquences pourrait nuire au marché américain de la GPA
Certaines mères porteuses, déjà enceintes, s’aperçoivent qu’elles ne toucheront pas la somme qui leur est due, et qu’elles devront s’acquitter elles-mêmes des frais médicaux liés à la grossesse (cf. PMA, GPA, les grossesses issues d’un don d’ovocytes plus à risque).
Les victimes n’ont que très peu de recours contre les escrocs. Le marché de la GPA est récent et implique de nombreux acteurs sur des territoires où les législations divergent. La gravité des faits pourrait faire hésiter à entamer la démarche et réduire la demande.
Source de la synthèse de presse : The Wall Street Journal, Ben Foldy, (21/10/2025)