Les enfants nés d’une FIV sont en majorité des garçons, et l’on pense à présent savoir pourquoi

Publié le 30 octobre 2025
Les enfants nés d’une FIV sont en majorité des garçons, et l’on pense à présent savoir pourquoi
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Le Royaume-Uni interdit la sélection du sexe de l’embryon lors d’une FIV – sauf dans les rares cas de risques d’une maladie génétique liée au sexe (cf. En Inde comme dans d’autres pays, les autorités se battent contre l’élimination des filles).

Malgré cela, les enfants nés de FIV sont, dans 56% des cas, des garçons.

Des embryons triés et sélectionnés

Le Dr Helen O’Neill, généticienne moléculaire du University College de Londres pense avoir trouvé une explication à ce phénomène.

Pour préparer une FIV, plusieurs ovules sont fécondés, un embryon est sélectionné : celui qui aurait « le plus de chances » de s’implanter et se développer dans l’utérus (cf. Mosaïcisme : observer l’autocorrection des embryons humains, et la stimuler ?). Pour effectuer cette sélection, les scientifiques observent l’embryon au microscope (cf. Embryons : la sélection sous « haute résolution ») et ont parfois recours à des logiciels d’intelligence artificielle (IA), en produisant des « vidéos accélérées » du développement embryonnaire (cf. DPI : une intelligence artificielle pour trier les embryons ? ; PMA : la procréation vise la productivité). Dans les deux cas, ce sera l’embryon au développement le plus rapide qui sera considéré comme le « plus viable ». Le plus souvent, ce sera un embryon masculin.

Un développement plus lent chez les embryons féminins

Les embryons femelles ont en effet un développement plus lent. Le chromosome Y des mammifères mâles étant plus petit que le deuxième chromosome X des femelles, il est « plus pauvre » en gènes ainsi qu’en produits géniques tels l’ARN et les protéines. Ce « déséquilibre » entre les sexes est compensé très tôt dans l’embryogenèse grâce au mécanisme, chez la femelle, de l’inactivation de l’un des chromosomes X (cf. Le chromosome X inactif responsable de la prévalence des maladies auto-immunes chez la femme ?). La quasi-totalité des gènes portés par le chromosome « éteint » ne sera pas transcrite, ne créera pas de copies ARN et donc ne s’exprimera pas.

Or ce mécanisme est coûteux en énergie pour la cellule embryonnaire. Elle doit détecter la présence de deux chromosomes X, choisir lequel désactiver et initier le processus lui-même[1].

Les embryons masculins jugés « viables » plus souvent

Le Dr Helen O’Neill a soumis 1.300 embryons, dont le sexe était connu à l’avance, à une sélection menée à la fois par des scientifiques et par deux modèles d’IA. Les médecins ont considéré que 69% des embryons masculins étaient viables, contre 57% des embryons féminins. L’une des IA a montré un léger déséquilibre en faveur des garçons, et la deuxième a sélectionné le même ratio parmi les embryons de chaque sexe.

Selon le Dr O’Neill, la différence dans la vitesse de développement est trop ténue pour être utilisée comme méthode de sélection volontaire d’un embryon en fonction de son sexe (cf. Une influenceuse australienne dépense 45.000 dollars pour avoir une fille).

[1] « Inactivation du chromosome X – Comment une cellule sait compter jusqu’à deux X », Sandrine Augui and Edith Heard, Med Sci (Paris), 24 6-7 (2008) 584-585 DOI: https://doi.org/10.1051/medsci/20082467584

NDLR : L’utilisation d’embryons pour la recherche soulève de graves problèmes éthiques (cf. « Un embryon est un embryon quel que soit l’endroit où il se trouve » ; Une « feuille de route » pour des recherches sur l’embryon humain jusqu’à 28 jours).

Source de la synthèse de presse : Daily Mail, Xantha Leatham, (20/10/2025)