Uruguay : le Parlement dépénalise l’euthanasie
En Uruguay, le Sénat a adopté hier, par 20 voix sur 31, un projet de loi autorisant le recours à l’euthanasie. Le texte, baptisé « mort digne », avait été adopté par les députés au mois d’août (cf. Uruguay : les députés adoptent un nouveau projet de loi dépénalisant l’euthanasie).
Les personnes majeures, citoyens ou résidents de l’Uruguay, devront être « psychiquement aptes » à formuler leur demande. Pour être éligibles, elles devront être atteintes d’une pathologie « incurable ou provoquant des souffrances insupportables », avec une « détérioration grave et progressive de la qualité de vie ». La demande sera examinée par deux médecins et soumise à une commission en cas de divergence de leurs avis. Les cliniques privées ne pourront pas pratiquer d’euthanasies.
Les décès survenus après une euthanasie seront considérés comme une « mort naturelle ». La loi prévoit également la création d’une commission chargée d’examiner les cas, qui feront l’objet d’un rapport annuel. Certains « détails » de l’acte d’euthanasie restent à définir dans la réglementation qui devra être élaborée dans un délai maximal de six mois.
Un texte critiqué
Le sénateur Pedro Bordaberry, l’un des principaux opposants au texte, a souligné que la « liberté » avait été invoquée alors qu’elle n’existe pas si le patient ne peut pas bénéficier de soins palliatifs. Or ils ne sont pas disponibles dans tout le pays, comme l’ont reconnu les autorités du ministère de la Santé publique.
Le sénateur Javier Garcia a quant à lui pointé le « changement de paradigme de la pratique médicale ». « Provoquer la mort a des conséquences pour celui qui le fait », a-t-il alerté.
L’euthanasie autorisée dans deux autres pays d’Amérique latine
En Amérique latine, la Colombie a autorisé le recours à l’euthanasie suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle en 1997 (cf. Colombie : un premier pas de la Chambre des représentants vers une loi autorisant l’euthanasie). La première procédure a été effectuée en 2015. On en recensait 352 au total en 2024.
L’Equateur a également autorisé la procédure en 2024. En effet, le gouvernement du pays a produit une règlementation suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle qui lui a donné un délai pour présenter un projet de loi (cf. Equateur : un pas vers la dépénalisation de l’euthanasie).
Ainsi, l’Uruguay est le premier pays d’Amérique latine à autoriser l’euthanasie via une loi. C’est le huitième pays du monde à le faire, après les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, le Canada, l’Espagne, la Nouvelle-Zélande et l’Australie.
Sources de la synthèse de presse : El País (15/10/2025) ; EFE (16/10/2025)